Le banquet annuel de l’Arab American Public Action Committee a des allures de veillée d’armes, ce mercredi 30 octobre à Dearborn, près de Detroit, dans le Michigan. L’atmosphère est grave. A moins d’une semaine de l’élection présidentielle, le groupe de pression campe sur son refus d’appeler à voter pour la candidate démocrate, Kamala Harris. Quelles qu’en soient les conséquences dans cet Etat-pivot très indécis. « Je voterai selon ma conscience, pour les droits humains et contre le génocide à Gaza », assure Sam Baydoun, l’un des responsables démocrates du comté auquel la ville est rattachée.
En marge de la réception du groupe de pression, le premier maire arabe et musulman de Dearborn, Abdullah Hammoud, élu en 2022 sous les couleurs du Parti démocrate, reste inflexible. Devenu l’une des figures nationales du mouvement qui dénonce dans le soutien constant apporté à Israël par l’administration de Joe Biden dans la guerre conduite à Gaza, puis au Liban, la trahison de valeurs américaines, il ne bougera pas d’un pouce à moins d’un cessez-le-feu et d’un embargo sur les armes à destination de l’Etat hébreu.
Les émissaires successifs de sa famille politique sont tous repartis bredouille de la première grande ville à majorité arabo-musulmane du Michigan où flottent des drapeaux palestiniens et libanais en contrepoint de la bannière étoilée. « J’ai reçu une douzaine de visiteurs, dont Jon Finer, le conseiller adjoint à la sécurité nationale, Amos Hochstein, l’émissaire de Biden dans la région, et la directrice de l’agence USAID, Samantha Power », énumère Osama Siblani, au siège de l’hebdomadaire The Arab American News (Al-Watan en arabe) qu’il a fondé il y aura bientôt quarante ans, et qui a également appelé, le 26 octobre, à ce qu’aucune voix ne se porte, le 5 novembre, sur la démocrate, pas plus que sur son adversaire républicain, Donald Trump, ou sur les candidats des deux grands partis en lice pour un siège au Sénat.
« Harris et Trump sont aussi horribles l’un que l’autre »
Les appels démocrates à la responsabilité se sont brisés sur une colère que les nouvelles du Proche-Orient ravivent presque chaque jour. Elle submergeait deux jours plus tôt un jeune animateur social de Dearborn qui donnait de la voix en compagnie d’une poignée de militants propalestiniens devant la très longue file de sympathisants démocrates venus assister à une réunion publique de Kamala Harris, dans la ville universitaire voisine d’Ann Arbor. « Harris et Trump sont aussi horribles l’un que l’autre. Les destructions de Gaza sont payées par mes impôts, c’est une honte. Comment choisir de voter Harris au nom des droits des femmes alors que les femmes de Gaza ne peuvent même pas accoucher dignement ? », s’interrogeait le jeune homme muni d’un masque chirurgical et qui refusait de donner son identité.
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