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Cette décision a suscité de nombreuses réactions au sein de l’Eglise. Les mosaïques du prêtre slovène Marko Rupnik, accusé d’agressions sexuelles, resteront bien accrochées au sanctuaire de Lourdes, a annoncé l’évêque de Tarbes et Lourdes, Jean-Marc Micas, mardi 2 juillet.

Ces œuvres ne seront, cependant, « plus mises en valeur comme elles l’étaient jusqu’à présent par les jeux de lumière », a souligné M. Micas, qui était partisan d’une décision plus sévère. « Mon avis personnel est qu’il serait préférable de [retirer] ces mosaïques ». Cette option « rencontre une véritable opposition chez certains » et elle « rajouterait encore plus de division et de violence », a-t-il expliqué dans un communiqué.

En cause, les mosaïques de Marko Rupnik, théologien et artiste de renommée mondiale, dont plus de deux cents œuvres sont visibles à Lourdes, à Fatima (Portugal), à Damas (Syrie), à Washington (Etats-Unis) et jusqu’au Vatican. La raison en est qu’il est accusé d’avoir exercé des violences psychologiques et sexuelles sur au moins une vingtaine de femmes pendant près de trente ans, notamment au sein de la communauté qu’il dirigeait à Ljubljana (Slovénie), aujourd’hui dissoute.

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« Une idéologie du statu quo »

A Lourdes, ses mosaïques monumentales sont omniprésentes sur la façade, les portes et les rampes d’accès de la basilique. Pour les victimes, c’est « comme deux bras d’un abuseur qui les enserrent et réveillent chez elles un traumatisme absolument épouvantable », a dénoncé Jean-Marc Micas au journal La Croix, mercredi 3 juillet.

L’évêque avait lancé une commission (incluant évêques, experts en art sacré, victimes et psychologues) au début de 2023 pour réfléchir au sort de ces mosaïques. Les conclusions ont été accueillies avec prudence du côté des plaignantes. L’avocate de cinq femmes, Laura Sgro, qui avaient exigé à la fin de juin le retrait pur et simple de toutes les œuvres de Marko Rupnik dans les différents lieux de culte, a estimé que cette décision était « un premier pas » qui en appelait « d’autres, à court terme ».

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« De jour », les mosaïques « seront visibles et continueront d’alimenter la consternation des fidèles et le sentiment de douleur des victimes », a pointé Mme Sgro. Pour Matthieu Poupart, membre du collectif de laïcs Agir pour notre Eglise, interrogé par l’Agence France-Presse (AFP), ce choix « est le pur néant ». Il dénonce également une « immobilité totale » et « une idéologie du statu quo ».

Une procédure en cours contre Marko Rupnik au Vatican

Le débat reste vif au sein de l’Eglise, et jusqu’au Vatican, au sujet de Marko Rupnik. Paolo Ruffini, le préfet du dicastère pour la communication, a défendu, en juin, le maintien des mosaïques, selon le magazine jésuite américain America. Il estimait que « retirer, supprimer, détruire l’art n’est jamais un bon choix ». D’ailleurs, son dicastère a lui-même utilisé des œuvres de Marko Rupnik pour illustrer des publications en ligne, dont celles du site Vatican News.

A l’inverse, le cardinal américain Sean O’Malley, président de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, a invité à la fin de juin à la « prudence » dans l’utilisation de ces œuvres. « Nous devons éviter d’envoyer le message selon lequel le Saint-Siège est inconscient de la détresse psychologique dont souffrent tant de personnes », avait-il estimé.

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Une procédure visant Marko Rupnik est en cours au Vatican, après une levée de prescription tardive par le pape François, à la fin de 2023. En France, cette affaire survient après des années de révélations sur des violences sexuelles qui ont ébranlé l’Eglise. Près de 3,1 millions de visiteurs sont attendus pour le pèlerinage de Lourdes cette année.

Le Monde avec AFP

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