L’année 2025 marque le 80e anniversaire des ordonnances instituant la Sécurité sociale, et singulièrement celui de l’ordonnance du 4 octobre 1945, dont l’exposé des motifs vise à bâtir « un plan qui couvre l’ensemble de la population du pays contre l’ensemble des facteurs d’insécurité » et l’article 1er entend « garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature ».
L’année 2025 est parallèlement marquée en France, en Europe et dans le monde par une accélération des crises écologiques, une intensification des événements climatiques extrêmes et un alourdissement des pertes humaines et des dommages économiques et sociaux qu’ils engendrent – selon France Assureurs, les sinistres climatiques sont aujourd’hui quatre fois plus coûteux qu’au début des années 1990. A politique inchangée, ces dynamiques ne feront que s’amplifier dans les années à venir, car, contrairement à la croyance commune, l’Europe se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale, selon le rapport Copernicus. Lentement mais sûrement, les crises écologiques nourries par nos systèmes économiques insoutenables vont déstabiliser nos protections sociales.
Notre Sécurité sociale doit donc être non seulement célébrée et sauvegardée, mais aussi et surtout actualisée et consolidée. Parce que le risque social devient sous nos yeux un risque social écologique, il appelle en retour une protection sociale écologique.
C’est d’ailleurs ce que prévoyait explicitement l’article 1er de l’ordonnance du 4 octobre 1945, qui, avant même l’institution de la Sécurité sociale, effective en 1946, promettait « d’étendre le champ d’application de l’organisation de la sécurité sociale à des catégories nouvelles de bénéficiaires et à des risques ou prestations non prévus par les textes en vigueur ».
Résistance sociale
Les contours de cette nouvelle protection sociale écologique devront intégrer la diversité des nouveaux risques. On peut en distinguer au moins deux types. D’un côté émergent des risques de premier rang, qui découlent de la transformation de la biosphère (inondations, sécheresse, canicules, pollutions, etc.) sous l’effet des activités humaines. Que l’on pense aux crues de janvier dans l’ouest de la France ou aux cyclones qui ont frappé Mayotte et La Réunion. Ces événements engendrent des dégâts sociaux de toutes sortes : logement, santé, emploi…
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