Meilleures Actions
Histoires Web lundi, juillet 8
Bulletin

« Reconnaissez-vous la gravité des faits qui vous sont reprochés ? », demande le président à l’accusé Cosmos. Celui-ci baisse les oreilles et le regarde d’un air plaintif. La greffière se risque à dire : « Il faudrait reformuler votre question de façon plus simple, monsieur le président…  » Cosmos est un chien accusé d’avoir défiguré une femme en la mordant au visage, et à ce titre il risque l’enfermement ou l’euthanasie. Son maître, Daruch (François Damiens), chômeur et handicapé, le regarde depuis le banc des parties civiles d’un air impuissant. Car dans cette fable imaginée par Laetitia Dosch, c’est bien le chien et non son maître qui comparaît devant un tribunal. Son film Le Procès du chien, présenté au dernier Festival de Cannes, met en scène Avril (Laetitia Dosch), une jeune avocate idéaliste qui accepte de défendre Cosmos, révoltée par le sort qui l’attend.

Au-delà de la situation insolite de départ, c’est bien de notre rapport à l’animal dont il est question dans le film. Dans le droit, l’animal est en effet considéré comme une chose, ce qui fait qu’il ne peut être tenu pour responsable de ses actes. Une caractéristique qui le protège autant qu’elle l’expose, puisqu’un animal dont la dangerosité est établie peut être placé d’autorité dans un refuge ou euthanasié, comme on le ferait effectivement d’un objet dont on déciderait de la destruction.

Laetitia Dosch revient sur les raisons qui l’ont fait choisir ce sujet pour son premier long-métrage : « Un jour, après un spectacle dans lequel je jouais, une spectatrice est venue me parler de l’histoire d’un chien qui avait mordu quelqu’un. Son cas avait divisé la ville en deux, entre ceux qui demandaient qu’il soit euthanasié et ceux qui étaient contre. J’ai trouvé que c’était effectivement un sujet de débat passionnant. » Cosmos est-il responsable au même titre qu’un être humain ? « Nous n’avons pas les capacités de juger un animal, car nous n’avons pas les clés de son comportement, affirme Laetitia Dosch. Nous n’avons donc pas le droit d’en disposer comme nous le faisons, en le traitant comme un objet. »

« Zone grise »

Un débat qui revient régulièrement car le statut juridique de l’animal est bel et bien une « zone grise ». Eric Alligné, avocat spécialisé en droit de la protection animale, explique ainsi : « Même si un article du code civil précise que l’animal est “un être vivant doté de sensibilité”, il n’en est pas moins considéré comme une chose au même titre qu’une voiture, par exemple. Or, ce statut n’est pas adapté à toutes les situations, en plus d’être ambigu. En effet, l’animal n’est pas considéré comme responsable de ses actes, mais il est quand même passible de sanctions, comme l’enfermement ou la mort. Il y a là un paradoxe. »

Il vous reste 59.86% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2024 Mahalsa France. Tous droits réservés.