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Lotfi Mraïhi, candidat déclaré à l’élection présidentielle d’octobre en Tunisie, a été condamné jeudi 18 juillet à huit mois de prison et à une inéligibilité à vie, ont annoncé vendredi des médias, alors que des ONG dénoncent une multiplication des obstacles pour les rivaux potentiels du président Kaïs Saïed.

Le secrétaire général de l’Union populaire républicaine (UPR), un parti de gauche opposé au président Saïed, avait été arrêté le 3 juillet pour des soupçons de corruption. Outre la peine de prison, M. Mraïhi, qui avait annoncé sa candidature début avril, a écopé d’une interdiction à vie de se présenter à tout scrutin, ont rapporté plusieurs médias, dont la radio Mosaïque FM et le site d’information Businessnews.

Plusieurs personnalités politiques ayant annoncé leur candidature sont poursuivies en justice ou détenues en prison, comme Abir Moussi, la cheffe du Parti destourien libre (PDL), farouche opposante à M. Saïed. Le président, qui accapare tous les pouvoirs depuis son coup de force à l’été 2021, n’a pas encore annoncé son intention de briguer un deuxième mandat le 6 octobre, mais ses partisans sont convaincus qu’il sera dans la course.

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Parmi les autres candidats emprisonnés, Issam Chebbi, chef du parti d’opposition Al Joumhouri, arrêté le 25 février 2023 pour « complot contre la sûreté de l’Etat », a retiré jeudi sa candidature faute d’avoir pu obtenir les formulaires de parrainages, selon son parti. Egalement candidat, l’ancien ministre Abdellatif Mekki, chef du parti Travail et Réalisation et ancien dirigeant du mouvement islamo-conservateur Ennahda, a été interdit le 12 juillet de quitter le territoire et de déclarations publiques par un juge d’instruction qui l’auditionnait pour la mort en 2014 d’une figure politique.

Bête noire

L’ONG Amnesty International a dénoncé cette semaine un « durcissement de la répression contre l’opposition » après l’arrestation du secrétaire général d’Ennahda, Ajmi Lourimi, et de deux membres du parti lors d’un contrôle routier. Ennahda, qui a dominé la vie politique tunisienne après la révolution de 2011 et l’avènement de la démocratie, est la bête noire de M. Saïed.

« Ces arrestations sont particulièrement préoccupantes à l’approche de la présidentielle », a déploré Amnesty, qui dénonce des « arrestations arbitraires de journalistes, d’avocats, de militants et de responsables politiques, mais aussi la sape systématique de l’indépendance de la justice ». Selon l’ONG, les autorités « doivent se détourner de cette voie répressive et placer les droits humains au premier plan et au centre de l’action gouvernementale ».

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De son côté, l’ONG tunisienne I Watch a dénoncé des « procédures compliquées » pour le scrutin d’octobre, notamment pour les postulants se trouvant en détention préventive, ainsi qu’« une absence méthodique de transparence » de l’Instance supérieure indépendante pour les élections.

Le Monde avec AFP

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