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Histoires Web dimanche, juin 16
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Sur le fond des dossiers, ce pourrait être le débat central des élections européennes du 9 juin. Depuis 2019, l’Union européenne (UE) a voté toute une série de textes dans le cadre du pacte vert. Avec un objectif : être la première zone économique à devenir neutre en carbone en 2050. Sauf que la mise en œuvre des mesures dépendra en grande partie des financements, dont certains sont urgents si les Vingt-Sept veulent arriver à faire baisser les émissions de gaz à effet de serre de 55 % en 2030. « C’est un impensé, affirme Michel Derdevet, président du think tank Confrontations Europe. Ça se chiffre pourtant en centaines de milliards d’euros, ce qui est colossal par rapport aux situations économiques des pays. Mais c’est essentiel car on n’arrivera pas à résoudre la crise climatique si on ne parvient pas à boucler la question financière. »

Les montants peuvent en effet donner le vertige. Dans une étude publiée le 21 février, l’Institut de l’économie pour le climat calculait que le déficit d’investissements publics et privés européens dans le domaine du climat s’élève à 406 milliards d’euros par an dans vingt-deux secteurs stratégiques, soit 2,6 % du PIB de l’UE. En résumé, il faudrait investir deux fois plus qu’aujourd’hui pour espérer mettre en application les promesses du pacte vert. « Les besoins de financement sont considérables, entre 2 et 3 % du PIB en plus de ce que nous faisons déjà. C’est une estimation basse car ça ne tient pas compte de la dimension sociale et de la dimension environnementale au sens large », résume Clara Leonard, économiste et cofondatrice du think tank Avant-Garde.

Un mur d’investissements qui nécessitera de mobiliser de l’argent public pour enclencher un cycle vertueux dans certains domaines, peu rentables à court terme. « Tout le monde sait très bien qu’il y a une bosse au début, c’est-à-dire qu’il faut amorcer la pompe avec de l’argent public », résume Benoît Leguet, directeur général de l’Institut de l’économie pour le climat. Une gageure alors que la dette des pays de la zone euro s’élevait toujours en moyenne à 88,6 % à la fin de l’année 2023, selon l’office européen des statistiques, avec des pays beaucoup moins vertueux (137,3 % pour l’Italie, 110,6 % pour la France).

L’endettement « est indispensable »

Même si ce débat est bousculé par les questions géopolitiques, les candidats aux élections européennes ont intégré cet enjeu à leur programme. La candidate de la majorité présidentielle, Valérie Hayer, promet ainsi 1 000 milliards d’euros d’investissements « pour faire face aux chocs écologique, technologique et sécuritaire » en s’appuyant sur un « emprunt commun de long terme, remboursé par de nouvelles ressources », mais sans expliquer d’où proviendra l’argent. Cette idée d’un endettement commun, qui fait plutôt consensus en France, pourrait très vite rencontrer l’hostilité des pays dits « frugaux », comme l’Allemagne.

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