Entre Benyamin Nétanyahou et Yoav Gallant, des divergences profondes sur la guerre à Gaza et au Liban
Depuis des mois, les désaccords entre le premier ministre de l’Etat hébreu et son ministre s’étalaient au grand jour sur la conduite de la guerre à Gaza et au Liban. Les différends portaient, avant tout, sur la façon de mener la guerre dans l’enclave palestinienne et sur l’ouverture rapide d’un front contre le Hezbollah libanais, une option défendue par Yoav Gallant, mais à laquelle s’était refusé Benyamin Nétanyahou.
En septembre, les tensions entre Yoav Gallant et le premier ministre étaient devenues telles que ce dernier avait pris la décision de se séparer de son ministre et de le remplacer par Gideon Saar, un rival susceptible de renforcer la coalition fragile de M. Nétanyahou. Mais l’accélération des événements au Liban avait finalement justifié le maintien du ministre à son poste. Face à la transformation du « front nord » en guerre ouverte, il était apparu impossible de remercier un ministre de la défense aussi proche de ses généraux et de l’appareil militaire.
En Israël, les guerres sans fin de Yoav Gallant, ministre de la défense
Par Jean-Philippe Rémy
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Cela aurait dû constituer l’humiliation de trop. Celle qu’a infligée le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, à son ministre de la défense, Yoav Gallant, en mettant fin sèchement à son projet de déplacement à Washington, mercredi 9 octobre. Cette visite avait pour objet de rencontrer son homologue, le secrétaire à la défense, Lloyd Austin, alors que se préparent des frappes israéliennes contre l’Iran. Son annulation aurait pu provoquer une crise ouverte entre les deux dirigeants israéliens qui mènent la guerre à Gaza, et désormais au Liban, avec des désaccords étalés au grand jour depuis des mois. Mais Yoav Gallant s’y est plié. Une fois encore, il a servi à son corps défendant les visées du premier ministre, qui a repris le contrôle du canal entre Israël et les Etats-Unis, fortement perturbé par ses propres tensions avec Joe Biden. Ce dernier ne cache plus l’aversion que lui inspire le dirigeant israélien.