Wim Vandekeybus, le mythe dans la peau

Consubstantielles au théâtre, les mythologies grecques ne cessent, depuis quelques mois, de hanter les scènes françaises de ballet. A peine la reprise du rococo Sylvia de Manuel Legris achevée le 4 juin, au Palais Garnier, qu’Angelin Preljocaj s’apprête à donner, fin juin, à La Seine musicale, ses Mythologies, amples et captivantes, où s’invitent, sur une partition de l’ex-Daft Punk Thomas Bangalter, les aventures d’Aphrodite ou d’Icare, avec toges et archets. L’histoire de Pénélope revue par Jean-Claude Gallotta, le mythe de Médée mis en scène par Ben Duke… les héroïnes tragiques inspirent les chorégraphes. Wim Vandekeybus, lui, fait tourner depuis un an et demi son Infamous Offspring, qui fera halte à La Villette, à Paris, du 25 au 28 juin.

Plus qu’aucun autre de ses pairs, le créateur flamand goûte les mythes. Après avoir déjà librement évoqué Orphée et Eurydice (dans son spectacle Blush, en 2002, puis dans le film qui en a été tiré en 2005), Œdipe (Œdipus/bêt noir, 2011) ou Médée (Booty Looting, 2012), il met cette fois en scène le panthéon grec, au travers du couple formé par Zeus et Héra et de leur progéniture.

Dans une pièce au langage survolté, où les danseurs vrillent, décollent et cabriolent, le fondateur de la compagnie Ultima Vez, adepte d’un style flamboyant et épique, hybride les disciplines et réunit une distribution éclectique et fascinante. Outre le texte (en anglais, surtitré en français), confié à la poétesse anglaise Fiona Benson, et la musique, composée notamment par Warren Ellis, compère régulier de Nick Cave, le ballet de Vandekeybus est l’occasion de voir réunis dans un même élan des talents issus de plusieurs arts.

Ainsi sont présents sur scène le génial flamenquiste sévillan Israel Galván, sous les traits du prophète aveugle Tirésias, la contorsionniste écossaise Iona Kewney en dieu Héphaïstos, tandis que les acteurs britanniques Lucy Black et Daniel Copeland apparaissent dans un film retransmis sur écran, sous les traits de Héra et de Zeus.