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Histoires Web mercredi, mars 12
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S’asseoir sur un banc ou un canapé, porter une tasse brûlante à ses lèvres et se plonger dans ses pensées. Ces instants de sérénité sont au cœur de Wanderstop (disponible le 11 mars sur PC, PlayStation et Xbox), un jeu dans lequel le thé vient chasser les idées noires.

Après une humiliante défaite, la guerrière Alta est retrouvée inconsciente par le colosse Boro, propriétaire d’un salon de thé situé dans une mystérieuse clairière. Consumée par un burn-out et incapable de partir, elle enfile un tablier pour servir des boissons chaudes en attendant de se rétablir.

En thé-rapie

Une ribambelle de clients, tous plus loufoques les uns que les autres, se présentent alors à elle : un père de famille idiot qui s’improvise chevalier, des hommes en costume-cravate à la recherche d’une salle de réunion, une marchande agressive… Une clientèle compliquée qu’il faut ménager pour obtenir des commandes. Chaque nouvelle tête est ainsi l’occasion d’un sketch et les réponses de dialogues sont à choisir judicieusement pour pousser l’interlocuteur à s’ouvrir à nous.

Apprendre à écouter patiemment les autres est la première des thérapies pour Alta, à droite.

Avec ces consommateurs toqués, un humour salvateur s’invite dans la clairière où Alta mène une existence plombée par les remords et l’épuisement. Sa capacité d’introspection augmente ainsi au fur et à mesure qu’elle apprend à écouter, quitte à encaisser les insultes d’une gamine crasseuse ou partager les délires d’un chasseur de démon incompétent.

Douze ans après son chef-d’œuvre The Stanley Parable, le talent du game designer Davey Wreden pour nous déstabiliser et nous faire (sou) rire est toujours intact. En témoignent l’écriture des dialogues (en anglais, sous-titré en français) – « Le café ? Ce n’est pas ma tasse de thé », lâche par exemple l’élégant Boro – et la façon dont le scénario zigzague habilement, entre des saynètes délicieusement absurdes et des moments plus lourds.

En contrepoint, se superposent des phases de jeu qui consistent à préparer des boissons chaudes. Le principe de base est inspiré de celui d’un simulateur de vie : à nous de nous emparer d’un panier en osier pour récolter du thé, balayer les feuilles mortes, couper les ronces, faire pousser des fruits en plantant des graines et, enfin, élaborer les infusions dans une théière gigantesque.

A vous faire perdre la boule (à thé)

La recherche aveugle du rendement étant profondément associée au mal dont souffre l’héroïne, le studio Ivy Road subvertit toutefois le genre en enrayant volontairement la productivité du joueur : les buissons de thé apparaissent de façon aléatoire dans la clairière, les plantes s’épuisent rapidement et les ressources sont réduites à zéro à chaque chapitre. Wanderstop veut nous inciter à lever le pied et illustre ainsi la lenteur de la convalescence d’Alta, qui apprend à lâcher prise dès qu’elle découvre une nouvelle boisson et la déguste en s’asseyant.

Associer des graines de couleur permet de faire pousser des plantes fictives dont les fruits aromatisent les thés.

Ces freins imposés au joueur ont néanmoins pour effet de rendre des missions très classiques de gestion de boutique et de préparation de potions plus laborieuses. Au point que ces tâches simples, souvent banales dans d’autres jeux vidéo, finissent par générer une sensation d’inconfort. Si nos frustrations reflètent alors avec justesse les désillusions régulières de l’héroïne, qui tombe à de nombreuses reprises avant de réussir à avancer, elles mettent aussi notre patience à l’épreuve. Aller au bout de ce jeu, malgré ses décors colorés et son rythme impulsé par les douces musiques de C418 (qui a composé les musiques de Minecraft), demande de s’armer d’un peu de persévérance.

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Durant les treize heures qu’il nous a fallu pour venir au terme de cette aventure, l’agacement nous a fait quitter à quelques reprises la partie, qui a fini par s’éterniser. Mais la complexité de ses saveurs ne s’est dégagée qu’après coup, une fois installé sur un canapé avec, bien entendu, une tasse de boisson chaude à la main pour méditer sur cette fascinante thérapie par le thé.

L’avis de Pixels :

On a aimé :

  • s’asseoir sur un banc avec sa boisson et attendre de voir ce qu’il se passe ;
  • le grain de folie permanent ;
  • passer d’un sujet pesant à des discussions légères en un clin d’œil.

On a moins aimé :

  • la culture des fruits et la préparation du thé sont répétitives et parfois frustrantes ;
  • il n’est pas facile de s’extirper du jeu (comme d’une dépression).

C’est plutôt pour vous si :

  • vous êtes en quête d’originalité ;
  • vous vous intéressez de près à la psychologie et au sujet du burn-out.

Ce n’est plutôt pas pour vous si :

  • vous cherchez un simulateur de vie relaxant ;
  • vous n’aimez pas qu’on vous déstabilise en permanence.

La note de Pixels :

7 thés servis/10 clients.

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