Meilleures Actions
Histoires Web samedi, janvier 18
Bulletin

« Un musicien doit écouter les autres, et s’écouter soi-même. » Cette phrase du jazzman Duke Ellington, Walter Salles dit se l’être répétée en boucle quand il a décidé d’abandonner son projet de film sur un escroc se faisant passer pour un membre de la famille Rockefeller. Le cinéaste brésilien s’est alors lancé dans deux projets autrement intimes. Une minisérie sur l’un de ses plus illustres compatriotes, le docteur et footballeur Socrates (1954-2011), en cours de montage. Et Je suis toujours là, l’adaptation du livre de Marcelo Paiva sur la disparition de son père, l’ingénieur et ex-député de gauche Rubens Paiva (1929-1971), sous la dictature militaire. Succès phénoménal au Brésil, collectionnant les récompenses depuis sa présentation à Venise en septembre 2024, le film figure parmi les favoris aux Oscars. Sollicité de toutes parts, le réalisateur de 68 ans en était réduit, lors de notre entretien à Paris, fin décembre, à nous répondre une banane à la main, histoire de reprendre quelques forces.

Lire la critique : Article réservé à nos abonnés « Je suis toujours là » : le combat existentiel d’une femme face à la disparition de son mari

« Je suis toujours là » puise-t-il dans votre histoire personnelle ?

J’ai côtoyé, dans ma jeunesse, la famille Paiva. L’idée d’en raconter le destin exceptionnel me trottait depuis longtemps dans la tête. Je suis toujours là, le récit de Marcelo sur l’enlèvement de son père Rubens, paru en 2015, a servi de déclic. J’ai rencontré les Paiva en 1969, à Rio de Janeiro, j’avais 13 ans. Au moment du coup d’Etat militaire de 1964, Rubens s’était exilé en Europe, mon père [le diplomate et banquier Walther Moreira Salles] aussi, on l’avait suivi en France avec ma mère et mes frères. En rentrant, je n’ai pas reconnu mon pays. J’avais quitté une démocratie, je retrouvais une dictature. Ce sentiment de non-appartenance, je l’ai partagé avec les Paiva. Ils vivaient à Leblon, à dix minutes de chez moi, on passait nos week-ends ensemble.

Il vous reste 78.2% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.