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Histoires Web dimanche, décembre 22
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Dans les années 1900, Paula Modersohn-Becker habitait le village d’artistes de Worpswede près de Brême. Elle mourut à 31 ans. Elle peignait dans un monde d’hommes quand, à l’époque, dans les musées ou galeries, il y avait « immensément moins de femmes exposantes que de femmes exposées, et ces dernières (…) très souvent nues », comme l’écrit Marie Darrieussecq dans Etre ici est une splendeur. Vie de Paula M. Becker, le livre qu’elle a consacré à l’artiste allemande en 2016. La même année se tenait au Musée d’art moderne de la Ville de Paris une exposition qui la révéla au public français.

Paula M. Becker peint les enfants et les paysannes de la lande brêmoise, rarement leurs maris, occupés aux champs et indisponibles pour poser. Elle chérit les fleurs que les modèles tiennent gracieusement devant elles ou qui s’élèvent aussi hautes que des arbres. Elle s’attache aux objets du quotidien (vases, jarres, petite boîte bleue, etc.). Elle montre les choux, les œufs au plat des repas roboratifs et les agrumes aux tonalités vives. De ses quatre séjours à Paris, elle rapporte à Worpswede des désirs d’une figuration nouvelle marquée par l’influence de Gauguin, de Cézanne, des nabis ou du cubisme qui vient. Otto Modersohn, également peintre, célèbre « l’immense sens de la couleur » de sa femme, mais déplore une « peinture criarde, peu harmonieuse ». Dans sa recherche formelle, Paula M. Becker secoue la torpeur postimpressionniste et l’Art nouveau en vogue dans son pays. Elle préfigure l’expressionnisme des années 1920. C’est un regard libre. Elle est aussi la première femme à s’être peinte nue.

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