Le 1er juin, alors que la préfecture de Paris avait autorisé la célébration populaire sur les Champs-Elysées de la victoire du Paris Saint-Germain (PSG) en finale de la Ligue des champions, le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a proclamé, dès les tout premiers incidents : « Les barbares sont venus dans les rues de Paris pour commettre des délits et provoquer les forces de l’ordre. »
Propos confirmés le lendemain par l’eurodéputé RN et ancien responsable syndical des officiers de police, Matthieu Valet, qui évoque, lui, des « barbares » et « décivilisés ». Puis trois semaines plus tard, lors de la Fête de la musique, ce dernier voyait sur la place du Châtelet, à Paris, des « racailles », des « hordes de voyous » et des « sauvages qui font de la France un enfer ». Les termes ont été repris en boucle dans une nouvelle séquence médiatique de dramatisation.
Du côté de l’Elysée, un communiqué a confirmé ce regard, tout en jouant dangereusement sur les mots : il s’agit de rejeter « ceux qui ne parlent pas la même langue que nous… », dit-on d’abord, avant d’ajouter « … c’est-à-dire celle de la République, du respect des lois ». Le clin d’œil est lourdement appuyé vers les langues barbares malgré le complément de la phrase finalement républicaine, à la manière d’un « en même temps » bien connu qui cultive l’ambiguïté.
Un espace et un temps de liberté et d’égalité
Evoquer les « barbares » fait signe de manière appuyée vers des étrangers dangereux, en outre « sauvages » et « décivilisés ». Car, s’ils sont « venus » à Paris, c’est qu’ils n’y étaient pas déjà. Et en effet, les « barbares » désignent des étrangers dont il faut se garder, qui viennent de dehors et parlent une langue incompréhensible.
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