Quel secteur paraît le plus important pour la souveraineté d’une nation : les médias ou les banques ? Les médias, aurait-on tendance à répondre, compte tenu de leur influence sur la démocratie. Mais voilà que le gouvernement allemand, vent debout contre le rachat de Commerzbank par l’italien UniCredit, laisse MediaForEurope, contrôlé par la famille Berlusconi, s’emparer de la télécommande du deuxième diffuseur privé du pays, ProSiebenSat.1.
Le propriétaire de Mediaset, un des leaders de l’audiovisuel en Italie et en Espagne (Canale 5, Telecinco…), a annoncé, jeudi 4 septembre, qu’il détenait 75,6 % du capital de son concurrent allemand. Il en contrôlait 33 % quand il avait lancé, en mars, une offre publique d’achat. ProSieben, qui possède 15 chaînes de télévision, une société de production, une plateforme de streaming connue pour son émission culte outre-Rhin – « Le prochain top model de l’Allemagne » – par Heidi Klum – pèse en Bourse 1,9 milliard d’euros, soit l’équivalent du groupe TF1.
Deux jours auparavant, Pier Silvio Berlusconi, patron de l’acquéreur et fils de l’ancien premier ministre italien Silvio Berlusconi (mort en 2023), s’était rendu à Berlin, afin de rassurer Wolfram Weimer, le ministre de la culture allemand, qui s’était inquiété dans une interview au magazine Der Spiegel à propos du maintien de l’« indépendance éditoriale et économique » de ProSieben, promettant de « regarder de près qui est derrière et quelles connexions sont influentes » du côté de MediaForEurope. Une allusion à peine voilée aux liens qu’entretenait feu il Cavaliere, populiste de centre-droit, avec Vladimir Poutine.
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