Lorsqu’elles découvrent la décision prise, le 7 août 2024, par une juge d’instruction de Créteil, Valentine P., 25 ans, et Kelly T. (le prénom a été modifié), 27 ans, tombent des nues. L’homme dont elles ont successivement partagé la vie, Kevin B., 27 ans, qu’elles désignent comme leur agresseur, ne sera finalement pas jugé pour les viols qu’elles dénoncent, mais seulement pour des violences physiques devant un tribunal correctionnel. Un non-lieu partiel qui provoque leur stupeur et leur incompréhension : un mois plus tôt, le 2 juillet 2024, le parquet de Créteil avait requis le renvoi de Kevin B. devant une cour criminelle pour des « actes de pénétration sexuelle » imposés à Kelly T., ainsi que pour des « violences habituelles » et des menaces de mort, et des « violences » sur Valentine P.
L’histoire de Valentine P. et de Kelly T. est celle, très ordinaire, de deux jeunes femmes accusant de violences sexuelles une personne qui n’est pas une célébrité médiatique, et qui se trouvent confrontées à la difficulté de faire valoir la crédibilité de leurs récits devant la justice, embarquées dans un interminable parcours du combattant. « Cela fait six ans que je me bats pour faire reconnaître ce que j’ai vécu. Je ne vais pas lâcher maintenant », assure Valentine P., toujours déterminée. Au téléphone, Kelly T. soupire, gagnée par la lassitude : « Je ne compte plus le temps, tellement c’est long. »
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