Le gouvernement de la province de Khyber Pakhtunkhwa, dans le nord-ouest du Pakistan, a annoncé, dimanche 24 novembre au soir, une trêve d’une semaine après trois jours d’affrontements entre sunnites et chiites qui ont fait 82 morts, a fait savoir son porte-parole, Muhammad Ali Saif.
« Les deux parties ont accepté un cessez-le-feu de sept jours durant lesquels ils vont également échanger les prisonniers et rendre les corps », est-il précisé. Un responsable local a de son côté rapporté à l’Agence France-Presse « des informations selon lesquelles de 15 à 20 personnes des deux camps sont portées disparues ».
« Parmi les morts, 66 sont chiites et 16 sunnites », a précisé sous le couvert de l’anonymat ce responsable du district de Kurram, théâtre depuis des mois des violences confessionnelles dans la province. Des responsables locaux ont rapporté à l’AFP des « tirs à l’arme légère et lourde dans différentes zones ». Ils précisent toutefois qu’aucun mort ou blessé n’a été signalé depuis samedi soir.
Des centaines de magasins et de maisons incendiés
Jeudi, une dizaine d’assaillants avaient tiré à vue sur deux convois transportant des familles chiites sous escorte policière. En représailles, vendredi et samedi, des chiites avaient mené des raids contre des quartiers sunnites, incendiant notamment des centaines de magasins et de maisons, avaient rapporté à l’AFP habitants et autorités. Depuis lors, le réseau de téléphonie mobile est coupé à Kurram, de même que la circulation sur la principale voie rapide du district.
Depuis juillet, le conflit entre sunnites et chiites dans les montagnes frontalières de l’Afghanistan a fait plus de 160 morts, selon des sources concordantes. Invariablement, après quelques semaines d’accalmie, les conflits entre tribus d’obédiences différentes, qui portent notamment sur la question des terres, ont repris malgré des trêves décrétées par des conseils tribaux, les jirgas.
Dans ce district, ancienne zone tribale où les codes d’honneur sont prégnants, les forces de sécurité ont du mal à faire respecter la loi, tandis que le gouvernement fédéral et même le gouvernement provincial, qui siège à Peshawar, peinent à y prendre pied.
De nouveau, samedi, des hauts fonctionnaires ont été dépêchés depuis la capitale provinciale, plus à l’est. A la descente de leur hélicoptère sur Parachinar, principale ville du district et bastion chiite, des tirs sont venus du sol, a rapporté une source policière à l’AFP, affirmant qu’ils n’avaient fait ni victimes ni dégâts.
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« Cette délégation a eu des discussions détaillées avec la communauté chiite samedi et rencontrera les sunnites », largement majoritaires au Pakistan, dimanche, a communiqué l’administration locale. « Notre priorité est d’obtenir un cessez-le-feu des deux parties », disait le ministère de la justice provincial. « Quand nous l’aurons, alors nous pourrons parler des autres problèmes », avait-il ajouté, alors que, de longue date, les chiites se disent discriminés au Pakistan et que, partout dans le pays, des Pakistanais accusent les forces de l’ordre d’échouer à les protéger.