Après les violences qui ont suivi la victoire du Paris-Saint-Germain (PSG) en Ligue des champions, François Bayrou a prôné la fermeté, estimant que « ces scènes » génèrent « l’exaspération de millions de Français », mardi 3 juin. Interpellé sur le sujet lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le premier ministre a plaidé en faveur de « peines minimales » pour les auteurs de violences comme celles qui ont éclaté samedi soir.
« La première des réponses est que là où dans la loi sont inscrites des peines maximales, on puisse inscrire aussi des peines minimales », a-t-il déclaré, après avoir exprimé une « pensée » pour les forces de l’ordre qui « subissent ces agressions ». Le chef du gouvernement a par ailleurs estimé qu’« il faut que l’aggravation des peines liées à des violences en réunion et à des violences préméditées, (…) soit plus nette ».
Plus tôt mardi, le ministre de la justice, Gérald Darmanin, avait déclaré souhaiter la suppression du sursis pour « toute agression envers un représentant de l’Etat », le premier ministre lui a ainsi apporté son soutien.
« Comme je l’ai proposé publiquement, il faut faire évoluer radicalement la loi : supprimer les aménagements de peine obligatoires, supprimer le sursis et mettre en place par la loi une condamnation minimum systématique une fois la culpabilité reconnue », avait écrit dans la matinée le ministre sur le réseau social X. « Par exemple, trois mois de prison ferme (réellement exécutés) minimum pour toute agression envers un représentant de l’Etat ou encore une amende très élevée pour toute destruction », a-t-il ajouté.
563 interpellations dans la nuit de samedi à dimanche

La grande fête après la victoire sans appel du PSG face à l’Inter Milan (5-0), samedi soir à Munich, a été assombrie par de nombreux incidents et dégradations à Paris et dans le reste de la France. Un mineur de 17 ans a notamment été tué à coups de couteau à Dax, dans le Sud-Ouest, et un jeune homme d’une vingtaine d’années est mort dans la capitale après avoir été percuté à scooter par une voiture. Les forces de l’ordre ont procédé à 563 interpellations dans la nuit de samedi à dimanche à travers le pays et à 79 autres la nuit suivante.
Lundi, le garde des sceaux avait fait savoir aux magistrats de France que des chantiers seraient lancés pour « répondre aux grands maux de la justice dans le pays ». La feuille de route de M. Darmanin mentionnait l’objectif du ministre de passer d’un système judiciaire qui comporte pas moins de 225 déclinaisons de peines différentes à un autre qui en aurait seulement quatre : des peines d’emprisonnement, de probation, d’amende et, enfin, d’interdiction et d’obligation. De ce fait, la peine de prison avec sursis serait supprimée du code pénal.
« A la suite des graves incidents d’ordre public et des désordres répétés de ce week-end, une partie des condamnations pour violences, notamment commises à l’encontre des forces de l’ordre et pour destructions de biens, ne sont plus à la hauteur de la violence que connaît notre pays », a encore estimé mardi Gérald Darmanin. « Il faut que les magistrats (…) puissent juger ces faits en disposant d’une échelle de peines ferme, simple et réellement adaptée à la délinquance d’aujourd’hui », a-t-il ajouté, au lendemain de premières comparutions immédiates en lien avec ces débordements.
Quatre personnes ont été condamnées en comparution immédiate, lundi à Paris, à de la prison avec sursis, pour avoir « lancé des mortiers en l’air, en direction des forces de l’ordre », et 58 personnes doivent être présentées mardi à la justice, selon le parquet de Paris. Selon le parquet, trois autres majeurs ont comparu en procédure de reconnaissance préalable de culpabilité tandis que cinq autres doivent être jugés lors d’une audience ultérieure.
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« Une ouverture d’information judiciaire est envisagée pour les faits de vol par effraction en réunion commis au préjudice des magasins Footlocker et Marionnaud », a-t-il par ailleurs précisé. S’agissant de mineurs, au moins 14 connaîtront des poursuites pénales à Paris, mais des dizaines de cas sont traités par d’autres juridictions. Sur les 253 gardes à vue gérées par le parquet de Paris, dont 15 mineurs, 93 ont donné lieu à un classement sans suite.
Alors que les débordements du week-end ont déclenché une polémique sur la sécurité, la proposition du ministre a fait réagir dans les rangs politiques. « Clairement les Français veulent des sanctions exemplaires et la fin des aménagements de peine contre les casseurs qui ont gâché la fête samedi. Seul espoir que ces violences, ces saccages, NE SE REPRODUIRONT PLUS à l’avenir », a écrit sur X la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse.
« La justice a vocation à regarder chaque dossier et non pas à gérer en fonction de l’émotion collective, a pour sa part dit sur TF1 le chef de file du Parti socialiste, Olivier Faure. Il s’agit de faire en sorte que la justice soit juste, et qu’elle cherche à comprendre les circonstances. »