« Vins bretons, la nouvelle conquête de l’Ouest », sur France 3 : une visite guidée d’exploitations viticoles pionnières

FRANCE 3 – LUNDI 30 SEPTEMBRE À 22 H 55 – DOCUMENTAIRE

« Quelle idée de planter des vignes en Bretagne… », marmonne un des ouvriers agricoles expérimentés, embauchés par Boris et Sandie pour planter leur premier vignoble, sur 3 hectares à Landévant, près de Lorient (Morbihan). Avant de se reprendre : « Ils sont jeunes, ils y croient. Espérons que cela va marcher. »

Une trentaine de vignobles ont ainsi été plantés, essentiellement autour du golfe du Morbihan, depuis qu’une réglementation de 2016 autorise de nouveau la plantation de vignes en Bretagne – jugée de trop mauvaise qualité, la fabrication de vin y avait été progressivement interdite dans les années 1950. Avec curiosité, la réalisatrice Ghislaine Buffard a choisi de filmer le quotidien sur plusieurs mois de quatre d’entre eux, afin de partager avec ces pionniers leur enthousiasme et leurs difficultés.

Non sans humour, la musique western joue à fond la partition « conquête de l’Ouest », alors que la caméra suit le travail de Sandie et Boris sur leur parcelle. Le couple s’est préparé au mieux ; elle en suivant des cours, lui en étudiant la circulation des vents dans les travées, l’orientation des sols et en choisissant les cépages (5 000 pieds de chenin et 10 000 pieds de chardonnay). Avant d’investir 680 000 euros sur dix ans, en sachant que les premières bouteilles se vendront, au mieux, dans trois ans.

Marina et Loïc Fourrure en sont, eux, à un stade plus avancé. Alors qu’ils se sont lancés dans l’aventure en 2021, près de Vannes, ils s’apprêtent ainsi à effectuer leur première vendange. Une étape décisive, réalisée avec l’aide de leurs deux petites filles, de la famille et des amis. « Nous récoltons le [fruit du] travail de cinq ans », souligne Loïc, légèrement stressé, avant que le téléspectateur ne suive cette récolte, dont l’amateurisme forcé, faute de moyens, va révéler ses charmes mais aussi ses limites.

Réchauffement climatique

Tous parient sur le réchauffement climatique. « Rennes actuellement, c’est Angers dans les années 1960-1970 », justifie une climatologue de façon très théorique. En pratique, au crachin breton habituel s’est ajouté, en 2023, un mois de juillet « pourri », comme le rappelle une archive météorologique. Or, un excès d’humidité est synonyme de maladies pour la vigne, telles le mildiou et l’oïdium.

D’où un petit détour didactique par le lycée agricole Kerplouz-La Salle, à Auray (Morbihan), où Aurélien Berthou, ingénieur agronome diplômé en viticulture et œnologie, assure les cours de la deuxième promotion de la nouvelle filière viticole – soit cinq élèves. Ce petit effectif n’entame en rien sa conviction, à tel point qu’il loue ses 2 hectares de vignes au lycée pour pouvoir y effectuer les « travaux pratiques ». Avis à ceux qui seraient tentés par l’aventure, cette séquence regorge d’informations pratiques.

La visite du troisième vignoble, celui de Marie et Guillaume, à Sarzeau, toujours dans le Morbihan, fixe en quelque sorte l’objectif, puisqu’elle permet de découvrir le premier millésime du nouveau vin breton, le Dantelezh (« dentelle » en breton), décliné en 3 600 litres de chardonnay, 1 400 litres de chenin et 550 litres de rosé. Et comme toute visite de cave, le film s’achève par une dégustation, sous la houlette de Pascaline Lepeltier, première femme Meilleur Sommelier de France, en 2018. Historique.