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C’est un peu le « club Afrique », les athlètes en moins, l’ambiance en (encore) plus. Au bout de L’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), à l’opposé du village olympique, le stade Robert-César est pris d’assaut, ce dimanche 4 août de finale du 100 mètres hommes. Mais ce n’est pas la course reine des Jeux olympiques (JO) qui a rassemblé plus de 3 000 personnes et explique la longue queue à l’extérieur. Le village, qui a pris des allures de Fête de L’Huma avec ses petits chapiteaux par nationalité – de l’Algérie au Mali, de la Côte d’Ivoire au Kenya, en passant par l’Ethiopie et le Sénégal – frémit quand le « Roi » entre en scène et que les premières notes se font entendre. Familles sur leur 31, jeunes sapés comme un samedi soir et jeunes femmes brandissant leur smartphone en l’air, c’est toute la ville et ses alentours qui sont venus vibrer avec Youssou N’Dour.

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Fatou Cissé l’avoue sans hésiter : ce soir, c’est pour le célèbre chanteur sénégalais qu’elle a quitté Saint-Denis, de l’autre côté de la Seine. L’infirmière de 40 ans qui dit aimer l’atmosphère particulière de cette fan-zone – « elle mélange l’ambiance JO et la musique qu’on aime » – est arrivée tôt pour attraper les premières images de la course sur l’écran géant qui trône sur la pelouse synthétique. A 21 heures, elle s’éclipse pour s’avancer vers la scène : « Youssou N’Dour a bercé mon enfance, il fallait que je le voie ». C’est aussi ce qui a motivé Aude Seïté, naturopathe installée à Saint-Denis, assise devant la retransmission de l’épreuve d’escrime : « C’est une chance d’avoir autant de festivités sans avoir à bouger de chez nous. »

Dans l’enceinte de ce stade de banlieue rénové grâce à l’argent des JO, la ville a cherché à se démarquer. Il y a d’un côté tout de la fan-zone classique – un écran diffusant les épreuves, des stands associatifs, le pavoisement violet et rose de Paris 2024 et les animations sportives pour les enfants –, mais sans qu’elle ne ressemble à aucune autre avec ses conférences sur le paludisme ou la désertification, ses food trucks de cuisine africaine et son stand de présentation des futurs Jeux olympiques de la jeunesse à Dakar (en 2026).

« Le foisonnement des publics »

La foule qui se presse est jeune et bigarrée, à l’image des communes alentour. « Ce qui marche ici, c’est le foisonnement des publics. Je voulais un truc libre d’accès qui mette en valeur les pays d’Afrique », se félicite Mohamed Gnabaly, le maire écologiste de L’Ile-Saint-Denis.

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Le public joue à domicile dans sa grande majorité. Marie N’Diaye, fonctionnaire territoriale à Saint-Ouen, a retrouvé un groupe d’amies d’enfance. Toutes ont grandi à la cité Maurice-Thorez, à deux pas du stade. « Même si on n’habite plus toutes à L’Ile-Saint-Denis, on s’y retrouve pour les JO et passer un moment ensemble. La ville a fait un beau truc, on est tous mélangés », insiste la trentenaire, une écharpe du Sénégal autour du cou. Plus loin, quatre salariés de l’entreprise de nettoyage Derichebourg se sont regroupés près de la scène. « C’est un beau moment et cela ne durera pas », glisse l’un d’eux, qui souhaite rester anonyme. « La course, on peut la revoir, pas lui », insiste-t-il en désignant la star qui lance son tube Birima devant un parterre en délire.

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