Les habitudes ont parfois du bon. Après Roland-Garros et Wimbledon, Jannik Sinner et Carlos Alcaraz vont se retrouver pour une troisième finale consécutive de Grand Chelem, avec la promesse d’un superbe spectacle. Les numéros un et deux mondiaux se sont qualifiés, vendredi 5 septembre, pour la finale de l’US Open qui aura lieu dimanche sous les yeux du président américain, Donald Trump.
L’Espagnol Carlos Alcaraz est d’abord sorti vainqueur du choc face à Novak Djokovic (7e), à nouveau frustré dans sa quête d’un 25e titre en Grand Chelem. Après deux défaites contre l’inoxydable Serbe de 38 ans – en finale du tournoi olympique à Paris en 2024 et en quarts de l’Open d’Australie en janvier 2025 –, Alcaraz a pris sa revanche à New York en s’imposant en trois manches : 6-4, 7-6 (7/4), 6-2.
« Jouer contre Novak n’est jamais facile », a estimé son tombeur en conférence de presse. Sur le court, « j’ai pensé à la légende » du tennis qu’il incarne, « ce qu’il a accompli dans sa carrière. C’est difficile de ne pas y songer », a-t-il poursuivi.
Djokovic « à court d’énergie »
Novak Djokovic s’arrête lui pour la quatrième fois de l’année aux portes de la finale d’un Majeur. « Je ne renonce pas aux Grands Chelems, je vais continuer à me battre », a-t-il assuré après sa défaite, déterminé à jouer à nouveau « tous les Grands Chelems » en 2026.
« Malheureusement, j’étais à court d’énergie après le deuxième set » contre Alcaraz. « Le format en cinq sets » propre aux Grands Chelems « me rend la tâche très, très difficile (…) particulièrement dans les derniers tours », a insisté le Serbe, réaliste.
Alcaraz a lui savouré le « sentiment incroyable d’être à nouveau en finale », célébrant sa victoire avec son désormais habituel swing de golfeur en destination du public.
« J’ai très bien servi, ce qui était très important à mon avis. J’ai essayé de livrer un match très physique et je pense y être parvenu », a conclu le quintuple lauréat de tournois du Grand Chelem, satisfait de n’avoir laissé échapper aucun set en six matchs sur la route de la finale.
Sinner dans un cercle fermé
Jannik Sinner ne peut pas en dire autant. L’Italien a dû batailler pendant 3 heures 21 minutes et lâcher une manche (6-1, 3-6, 6-3, 6-4) face au Canadien Felix Auger-Aliassime (27e) mais il accomplit, avec ce succès, une performance rare : vainqueur de l’Open d’Australie et de Wimbledon et finaliste de Roland-Garros en 2025, le numéro un mondial atteint sa quatrième finale de Grand Chelem de la saison, ce que, depuis le début de l’ère professionnelle en 1968, seuls Rod Laver, Roger Federer et Novak Djokovic sont parvenus à faire. Tous l’avaient fait à un âge plus avancé que celui de l’Italien (24 ans et 20 jours).
« Felix et moi, on s’était affrontés lors du précédent tournoi [défaite en deux sets du Canadien au Masters 1000 de Cincinnati] et ce soir, il était un joueur complètement différent, il frappait beaucoup mieux la balle », a complimenté le patron du circuit à son adversaire du soir.
De retour en demi-finale d’un Grand Chelem quatre ans après sa première (et seule) apparition à ce niveau, le Canadien a sérieusement secoué l’Italien dans la deuxième manche, à l’issue de laquelle Sinner est sorti du terrain pour un temps mort médical après s’être fait brièvement masser l’abdomen. Mais « rien de sérieux », a commenté Sinner une fois le match achevé.
Première place mondiale en jeu
Dominateur dans le troisième set, l’Italien, quadruple lauréat en Grand Chelem et tenant du titre, a concédé cinq balles de break en début de quatrième manche, gêné par la défense héroïque d’Auger-Aliassime du fond du court et ses puissants coups droits aux angles variés. Il les a toutes sauvées et a fait mouche dès sa première occasion de prendre le service de son adversaire à deux jeux partout, pour s’octroyer un avantage décisif pour le gain de la partie.
Le numéro un mondial sera contraint de l’emporter dimanche contre Alcaraz, faute de quoi il devra lui céder sa place au sommet de la hiérarchie du tennis masculin.
« J’ai hâte » de disputer la finale, « j’ai l’impression que c’est ici que notre rivalité a commencé », s’est régalé par avance Sinner. En 2022, ce dernier s’était incliné au bout du suspense en quart de finale après avoir gâché une balle de match contre Alcaraz, qui allait remporter quelques jours plus tard son premier titre en Grand Chelem.
Sinner et Alcaraz sont les premiers joueurs depuis les Australiens Roy Emerson et Fred Stolle en 1964 à s’affronter trois fois en finale de Grand Chelem durant la même saison. Quel que soit le résultat de dimanche, le duo glouton se sera partagé les huit derniers trophées en Majeurs, et en aura remporté dix sur les treize derniers. Difficile de rêver plus alléchante affiche pour une finale.