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La lourde dépendance de l’Europe au gaz russe lui avait fait oublier qu’elle a encore – comme les Etats-Unis – des liens importants avec la Russie dans le combustible nucléaire. Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, le 24 février 2022, le Vieux Continent cherche à s’en détacher au nom de la souveraineté énergétique. Un défi qui concerne avant tout la France, le pays le plus nucléarisé au monde, et qui l’a décidée à accroître sa production.

C’est dans ce contexte qu’Orano a lancé, jeudi 10 octobre, le chantier de l’extension de son usine d’enrichissement d’uranium du Tricastin (Drôme), Georges Besse 2. Une étape clé consistant à enrichir l’uranium naturel en isotope fissile 235 (de 3 % à 4 %), avant la production de pastilles placées dans des gaines introduites dans la chaudière du réacteur.

L’investissement dans les centrifugeuses est considérable (1,7 milliard d’euros), ce qui en fait l’« un des cinq plus importants projets industriels en cours en France aujourd’hui », a souligné Nicolas Maes, directeur général de l’ex-Areva NC, en posant la première pierre de cette extension. A partir de 2028, l’usine lancée en 2011 disposera d’une capacité de production supplémentaire de plus de 30 %, permettant à Orano et à ses clients de « se désensibiliser aux risques géopolitiques », a-t-il ajouté, sans citer directement la Russie.

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L’investissement n’intéresse pas que la France, puisque le groupe fournit de nombreux exploitants de centrales nucléaires dans le monde, en Europe, aux Etats-Unis, en Corée du Sud et au Japon. La filière française est reconnue, mais elle ne produit que 12 % de l’uranium enrichi dans le monde. Et EDF, qui exploite dans l’Hexagone 57 réacteurs, y compris le réacteur pressurisé européen de Flamanville (Manche), reste dépendant des Russes, sans être « pieds et poings liés », comme l’écrivait l’ONG Greenpeace en 2023.

Usine sur un site du « projet Manhattan »

Orano prévoit de monter à 16 %, ce qui permettra une production d’électricité nucléaire capable d’alimenter 120 millions de foyers par an. Le groupe français arrive loin derrière Tenex, filiale de l’agence fédérale russe de l’énergie atomique Rosatom, qui détient 43 % du marché mondial, et même de l’anglo-germano-néerlandais Urenco (31 %), le chinois China National Nuclear Corporation assurant le reste (13 %).

L’ex-Areva NC n’a pas cherché à innover, à la fois pour aller vite et parce que les 14 blocs de centrifugeuses fonctionnant à plein régime depuis 2016 ont donné satisfaction, surtout en permettant de réduire de 90 % la consommation d’électricité par rapport à la technologie précédente de l’enrichissement par diffusion gazeuse. Il est d’autant plus incité à se développer que le cours de l’unité de travail de séparation a plus que doublé depuis le début de la guerre russo-ukrainienne.

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