« Si la terre se réchauffe, l’océan quant à lui est en ébullition » : Emmanuel Macron a appelé à la « mobilisation », lundi 9 juin, en ouverture de la Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC) à Nice.
Plus de soixante chefs d’Etat et de gouvernement sont réunis, jusqu’au 13 juin, sur la Côte d’Azur, dont de nombreux dirigeants du Pacifique et d’Amérique latine, pour cette troisième conférence visant à mieux protéger un océan surchauffé, pollué et surpêché.
« La première réponse, c’est donc le multilatéralisme », a déclaré le président français. « Le climat comme la biodiversité, ce n’est pas une question d’opinion, c’est une question de faits scientifiquement établis », a-t-il aussi insisté.
Emmanuel Macron a également martelé que le Groenland, où il doit se rendre en fin de semaine, mais qui est convoité par les Etats-Unis de Donald Trump, n’était « pas à vendre ». « Les abysses ne sont pas à vendre, et pas plus que le Groenland n’est à vendre, pas plus que l’Antarctique ou la haute mer ne sont à vendre », a lancé le président français.
Pas un « Far West »
Peu après, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré que les grands fonds marins ne devaient pas devenir un « Far West », alors que le président américain, Donald Trump, souhaite unilatéralement lancer l’exploitation minière dans les eaux internationales du Pacifique. « J’espère que nous pourrons redresser la situation. Que nous pourrons remplacer le pillage par la protection », a ajouté le secrétaire général de l’ONU.
M. Macron a également assuré que le traité sur la haute mer serait ratifié par suffisamment de pays pour pouvoir entrer en vigueur. « A la cinquantaine de ratifications déjà déposées ici même ces dernières heures, quinze pays se sont formellement engagés à les rejoindre », a déclaré Emmanuel Macron. « Ce qui fait que l’accord politique est obtenu, qui nous permet de dire que ce traité sur la haute mer sera bien mis en œuvre. C’est donc gagné », a-t-il ajouté, sans préciser de calendrier. Le traité, signé en 2023, entrera en vigueur cent vingt jours après la soixantième ratification. La France souhaitait initialement obtenir ces soixante ratifications d’ici à la conférence de Nice.
Plusieurs pays pourraient également profiter du sommet de Nice pour annoncer la création de nouvelles aires marines protégées ou l’interdiction de certaines pratiques de pêche, comme le chalutage de fond, dans certaines d’entre elles. La France a annoncé dès samedi, par la voix d’Emmanuel Macron, une limitation du chalutage de fond dans ses aires marines protégées (AMP) pour préserver les fonds marins, sans toutefois parvenir à convaincre les ONG, qui ont critiqué le « manque d’ambition » de ces annonces. Mis en lumière dans le film Ocean, du Britannique David Attenborough, le chalutage de fond est critiqué pour son impact carbone et les dommages qu’il engendre sur les habitats marins sensibles (herbiers, coraux, etc.).
Annonces scientifiques
La communauté internationale s’est fixé un objectif de 30 % de protection en 2030 (objectif « 30 × 30 »). Seulement 8,36 % des océans sont protégés à ce jour, et, au rythme actuel, cet objectif ne sera pas atteint avant 2107, selon Greenpeace. Les annonces attendues à Nice devraient permettre de dépasser 10 % de protection au niveau mondial, selon le ministère de la transition écologique.
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La première journée de la conférence doit également être ponctuée d’annonces scientifiques, avec le lancement de l’International Platform for Ocean Sustainability (IPOS – « Plateforme internationale pour la durabilité des océans »), une plateforme conçue pour conseiller les Etats sur leurs engagements liés au développement durable de l’océan.
La société Mercator, qui surveille l’état de l’océan depuis plus de vingt ans, doit, elle, être transformée en organisation internationale, à l’occasion de la signature d’un traité. Mercator œuvre notamment à concevoir un « jumeau numérique » de l’océan, qui pourrait aider en particulier pour la compréhension des cyclones.
Enfin une coalition spatiale pour l’océan (Space4Ocean) devrait voir le jour afin de renforcer des efforts de préservation et de conservation des océans.