Une promotion Rima Hassan : l’Université libre de Bruxelles (ULB) a entériné, jeudi 28 août, le choix controversé de cette eurodéputée franco-palestinienne pour désigner la nouvelle promotion de ses diplômés en droit, en disant respecter la volonté des étudiants de montrer ainsi leur « engagement » quant à la situation dramatique à Gaza.
Ce nom de marraine, choisie en juillet par la promotion sortante du master 2 de la faculté de droit de l’ULB, avait indigné une partie de la classe politique belge ainsi que des dizaines de personnalités françaises, y voyant « une tache » sur la réputation de l’université. Les étudiants, de leur côté, ont dénoncé une vague d’insultes et de menaces sur les réseaux sociaux de la part de la droite et de l’extrême droite, afin de tenter d’infléchir leur décision.
Rima Hassan, juriste franco-palestinienne de 33 ans et eurodéputée La France insoumise (LFI), est ciblée depuis fin 2023 par une enquête judiciaire en France pour « apologie du terrorisme », après avoir tenu des propos considérés comme une marque de soutien au mouvement islamiste Hamas, dans la foulée de l’attaque du 7-Octobre perpétrée par celui-ci contre Israël.
Elle a multiplié les déclarations polémiques sur Israël, pays dont elle a été expulsée mi-juin après avoir été arrêtée alors qu’elle cherchait à gagner Gaza à bord du voilier Madleen, dans l’intention de « briser le blocus israélien ». Pour une partie de la gauche et des ONG, Rima Hassan est une figure du combat pour la reconnaissance des droits des Palestiniens.
En juillet, son nom était arrivé en tête, juste devant celui de Gisèle Pélicot, lors d’un vote des étudiants en droit de l’ULB pour départager des personnalités susceptibles de représenter leur promotion. Les autorités académiques ont décidé jeudi de « prendre acte » d’un choix résultant d’une démarche « réfléchie » et d’un vote « démocratique » des étudiants. « Cette décision leur appartient. Elle témoigne de leur besoin de s’engager face aux drames qui se déroulent actuellement à Gaza. Nous nous devons de la respecter », a déclaré le doyen de la faculté, Pierre Klein.
Rima Hassan s’est déclarée « honorée ». « Je remercie toutes celles et tous ceux qui ont tenu bon face à l’acharnement médiatique et politique », a-t-elle réagi sur le réseau X.
« Polémique stérile »
Dans une lettre ouverte publiée cette semaine dans un journal belge, plusieurs dizaines de personnalités françaises avaient déploré « un tragique aveuglement » des étudiants sur sa personnalité. « Rima Hassan, à l’instar de ses amis de LFI, n’a jamais condamné le Hamas, qu’elle considère comme le légitime bras armé de ce qu’elle nomme outrancièrement (…) la “Résistance” des Palestiniens », accusait cette tribune, signée notamment par l’avocat Arno Klarsfeld et les anciens ministres Bernard Kouchner et Luc Ferry.
« Les autorités académiques ne peuvent accepter le diktat de l’extrême gauche », a lancé sur X le chef de la droite belge francophone, Georges-Louis Bouchez. A l’inverse, le président du Parti socialiste, Paul Magnette, a dénoncé « une polémique stérile évitant le débat de fond », au moment où le gouvernement belge peine à exprimer une position commune sur le soutien aux Palestiniens. D’une manière générale, les dirigeants de l’Union européenne ne parviennent pas à s’entendre pour sanctionner Israël, tout en reconnaissant les crimes de guerre et les violations des droits humains dans le conflit mené depuis près de deux ans à Gaza.
Baptiser une promotion du nom de Rima Hassan est une manière de « s’insurger » contre cet immobilisme, a estimé l’une de ses membres, Violaine La Fontaine, dans une vidéo likée près de 6 000 fois sur Instagram, ajoutant : « Nous sommes conscients que ce choix est clivant [mais] nous avons voulu être courageux. »