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Ce sont des face-à-face qui se multiplient, ces derniers temps, sur les ondes et sur les plateaux de télévision. Alors que les débats sur le budget 2025 et la dette occupent l’espace politique, les controverses entre économistes d’obédiences opposées sont largement mises en scène dans le champ médiatique. Dans le même temps, de façon moins visible du grand public, une autre discorde reprend de la vigueur : celle qui agite les départements d’économie des universités et des grandes écoles sur la manière d’enseigner la discipline.

C’est un vieux débat qui revient périodiquement dans les facultés. L’enseignement de l’économie serait trop monolithique et libéral, reproche une partie des enseignants, généralement qualifiés d’« hétérodoxes » (postkeynésiens, marxistes…). Ces derniers regrettent la « domination », dans les cursus, des théories néoclassiques, fondées sur l’idée d’une efficience des marchés et de leurs mécanismes d’autorégulation. A plusieurs reprises depuis les années 2000, la critique avait été portée par les étudiants, en particulier au lendemain de la crise financière de 2008. « Ils s’étaient rendu compte que, bien qu’ayant étudié des années l’économie, ils se trouvaient incapables d’expliquer ce qui était en train de se passer, même à des proches néophytes », se souvient Florence Jany-Catrice, professeure d’économie à l’université de Lille.

Perspective très quantitative

Depuis, les approches proposées de cet enseignement ont peu évolué et sont restées centrées sur les thèses néoclassiques, qui continuent à prévaloir dans la quasi-totalité des cours : c’est ce que pointe un trio d’enseignants-chercheurs des universités de Lille et Paris-I, après avoir examiné les maquettes de 53 licences d’économie-gestion de 2020-2021. Membres de l’Association française d’économie politique (AFEP), regroupant des économistes dits « hétérodoxes », Florence Jany-Catrice, Sophie Jallais et Arthur Jatteau appellent à une « révolution » de l’enseignement, qui, à leurs yeux, est aujourd’hui coincé dans des logiciels de pensée qui ne permettent pas de former les étudiants aux enjeux complexes du siècle.

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Leur enquête, publiée fin 2023, montre que les cours en licence ont la même tonalité sur presque tout le territoire et présentent peu de pluralisme dans les paradigmes enseignés. « Parmi les cours d’économie stricto sensu, l’économie mainstream monopolise 86,2 % des ECTS [crédits permettant de valider le diplôme], contre 13,8 % pour l’économie institutionnaliste », notent les auteurs.

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