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« Mais vous êtes là ? Ça fait plaisir de vous voir. J’espère que tout va bien se passer », dit un électeur en sortant de l’isoloir. Les habitués du bureau de vote de l’école Gerson, dans le Vieux-Lyon, n’en reviennent pas. L’horloger de Saint-Paul, en personne, le vrai, préside le bureau numéro 530. « Tout va bien se dérouler, soyez le bienvenu, c’est ici que ça se passe », leur répond Philippe Carry, chapeau en feutre sur la tête et écharpe en soie autour du cou.

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Connu pour son engagement contre la mouvance identitaire qui mine le quartier, le personnage originel du film de Bertrand Tavernier (L’Horloger de Saint-Paul, 1974) sème la joie dans le bureau. « Les gens ont peur de ce qui peut se passer ce soir. Il faut les rassurer », confie l’artisan, sans transgresser la neutralité de sa fonction d’un jour. Le voir en maître des horloges électorales réjouit le public, dans ce secteur meurtri par les groupuscules d’ultradroite. De la fenêtre du bureau de vote on peut apercevoir la porte close et anonyme de La Traboule, dissous le 26 juin par le ministère de l’intérieur – en même temps que le Groupe union défense, Top sport Rhône et Jonas Paris.

Partout en France, on a voté en nombre, dimanche 30 juin, pour le premier tour des législatives. A 17 heures, la participation est montée à 59,4 %, vingt points de plus que lors du scrutin de 2022. A l’école Gerson, dans le Vieux-Lyon, le rythme de vote est élevé ; les procurations, nombreuses. « Il faut garder un souvenir de ce moment important », dit l’horloger de Saint-Paul. Car, en effet, la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron, dans la foulée des européennes du 9 juin, pourrait conduire l’extrême droite au pouvoir à l’issue du second tour, le 7 juillet. Une première depuis 1940.

Philippe Carry, horloger de Saint-Paul et président du bureau de vote numéro 530, dans le 5e arrondissement de Lyon, dimanche 30 juin 2024.
Dans le bureau de vote de La Corbeille, dans le 2e arrondissement de Lyon, dimanche 30 juin 2024. Dans le bureau de vote de La Corbeille, dans le 2e arrondissement de Lyon, dimanche 30 juin 2024.

Dimanche 30 juin au matin, les habitants de Meistratzheim, 6e circonscription du Bas-Rhin, se pressaient devant la salle communale pour aller voter. Dans ce village de 1 500 habitants, en plein territoire de la choucroute, la liste menée par Jordan Bardella (Rassemblement national, RN) a fait 49,4 % aux élections européennes. La députée sortante, Louise Morel (Ensemble-Mouvement démocrate), 28 ans, qui se représente, n’avait obtenu en 2022 que quelques voix de plus que son adversaire du RN.

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Le candidat de l’extrême droite, cette fois-ci, est Vincent Coussedière, un professeur de philosophie qui enseigne dans le Haut-Rhin. Il est inconnu dans la circonscription, mais ce n’est pas grave pour Albert Franzen, 66 ans, ancien employé de la brasserie Kronenbourg. Ce n’est pas la première fois qu’il vote pour le RN, même si pour les élections législatives, il « privilégie en général les députés de droite ancrés dans la région. Cette fois-ci, [il] vote pour des raisons nationales : le pouvoir d’achat, l’insécurité, l’immigration ». Le retraité reconnaît ne pas être confronté à ces deux derniers thèmes dans ce village calme. « Mais ce n’est pas parce qu’on n’est pas concernés directement que ce n’est pas important, justifie-t-il. On ne voit que cela dans les médias. »

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