Risque-t-on demain, du fait du dérèglement climatique, de voir s’arrêter la circulation méridienne de retournement de l’Atlantique (ou AMOC), ce courant océanique qui joue un rôle clef dans la régulation de la température de l’hémisphère Nord ? Quarante-quatre scientifiques du climat avaient lancé l’alerte fin 2024, estimant que le franchissement d’un point de bascule était une « possibilité sérieuse dès les prochaines décennies », dans une lettre ouverte adressée aux dirigeants du Conseil nordique des ministres. Selon eux, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a « grandement sous-estimé » cette menace dans son dernier rapport publié en 2021, en concluant (avec une « confiance modérée ») qu’un effondrement brutal de l’AMOC n’aurait pas lieu avant 2100.
Une nouvelle étude, publiée mercredi 26 février dans la revue scientifique Nature, relance le débat. S’appuyant sur l’analyse de 34 modèles climatiques, Jonathan Baker, climatologue au service national britannique de météorologie (le Met Office) et ses collègues, estiment qu’il est peu probable que l’AMOC s’effondre au cours du XXIe siècle. Leurs résultats vont dans le sens d’un affaiblissement de ce courant certes, mais pas de son arrêt total, y compris dans des conditions extrêmes de hausse des taux atmosphériques de gaz à effet de serre et d’apport en eau douce dans l’Atlantique Nord (du fait de la fonte des glaces du Groenland et de la hausse des précipitations). Ceci, grâce à un mécanisme compensatoire exercé par les vents dans l’océan Austral.
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