Le dimanche 7 septembre, la Pleine Lune se lèvera à l’est juste au moment où le Soleil se couchera à l’ouest : le Soleil, la Terre et la Lune seront alors presque parfaitement alignés dans l’espace. Un tel alignement ne se produit pas à chaque Pleine Lune car le satellite naturel de la Terre se meut sur un plan incliné de 5,1° par rapport au plan de l’orbite terrestre : il n’y a donc pas une éclipse à chaque lunaison puisque le disque lunaire passe le plus souvent au-dessus ou en dessous du long cône d’ombre terrestre – celui-ci mesure près de deux millions de kilomètres et dépasse donc largement l’orbite de la Lune qui circule en moyenne à 384 000 km de notre planète. L’ombre de la Terre est entourée d’une zone de pénombre qui correspond aux endroits d’où le disque solaire apparaît partiellement caché par le limbe terrestre. Lorsque la Lune est totalement recouverte par l’ombre de la Terre elle n’est plus éclairée par le Soleil et, logiquement, elle devrait être invisible puisqu’elle ne produit aucune lumière. Il faut cependant compter avec l’atmosphère terrestre qui filtre et réfracte le rayonnement solaire de telle manière que la fraction rouge de celui-ci est partiellement rabattue vers l’intérieur de l’ombre, ce qui lui donne une coloration cuivrée souvent très spectaculaire.
Selon la transparence de l’atmosphère sur votre site d’observation, il pourra s’écouler plusieurs minutes avant que le disque lunaire devienne visible au-dessus de l’horizon est dimanche au début du crépuscule. D’autant plus que, en France métropolitaine, la Lune sera déjà totalement éclipsée par l’ombre de la Terre : la phase de totalité de cette éclipse aura en effet commencé à 19 h 30 m (heure légale d’été, temps universel + 2 h), c’est-à-dire plus ou moins longtemps avant le lever de la Lune selon votre position géographique : un quart d’heure avant en Corse et près d’une heure et quart avant au bout du Finistère. L’ombre commençant à libérer le disque lunaire à partir de 20 h 53 m, le laps de temps que notre satellite passera dans l’ombre de la Terre après son lever sera donc d’autant plus long que vous vous situerez à l’est de la France. En Bretagne, il sera ainsi possible de voir le disque lunaire éclipsé juste avant la fin de la totalité au ras d’un horizon est parfaitement dégagé et encore clair : il sera entouré par la bande gris ardoise de l’ombre de la Terre et surmonté par la lueur rosée de la ceinture de Vénus. Alors que sur la bordure orientale du pays, de l’Alsace à la Corse, la Lune encore totalement éclipsée sera observable à plus de huit degrés de hauteur dans un ciel crépusculaire déjà sombre.
Le maximum de l’éclipse, qui se produira à 20 h 13 m, ne sera visible qu’à l’est du pays car la Lune ne sera alors pas encore levée à l’ouest. À cet instant, la portion nord du disque lunaire sera pratiquement au centre du cône d’ombre terrestre et elle sera beaucoup plus sombre que la portion australe. Vous pourrez observer la Lune éclipsée à l’œil nu ou dans un instrument optique sans aucun danger. Les nuances colorées de l’ombre seront très spectaculaires dans une lunette ou un télescope avec un grossissement vous permettant de voir l’intégralité du disque lunaire. À partir de 20 h 53 m, la Lune sortira progressivement de l’ombre et une portion croissante de sa surface deviendra de plus en plus lumineuse, même si elle sera encore plongée dans la pénombre. Vous remarquerez que la coloration orangée de l’ombre restera perceptible à l’œil nu durant quelques minutes puis elle sera progressivement effacée par le regain de l’éclat lunaire ; elle sera perceptible un peu plus longtemps avec un instrument optique en repoussant hors du champ la portion trop lumineuse. La sortie de l’ombre se terminera un peu avant 22 h et la sortie de la zone de pénombre se terminera un peu avant 23 h. Je précise que cette éclipse totale sera intégralement visible en pleine nuit à La Réunion et en partie visible en Nouvelle-Calédonie lors du coucher de la Pleine Lune. Si vous voulez en savoir encore plus sur ce rendez-vous céleste et vérifier dans quelles régions du monde il sera observable, je vous invite à consulter le site du Laboratoire Temps Espace : analyse et carte de visibilité.
À lire également
Chaque mois, je vous propose de découvrir mes nouvelles images du ciel dans ma Lettre du Guide du Ciel.

Phases de la Lune en septembre
La Lune est pleine le 7 dans le Verseau, au dernier quartier le 14 dans le Taureau, nouvelle le 21 dans la Vierge et au premier quartier le 30 dans le Sagittaire.
Quelques rendez-vous sous le ciel de septembre
La Lune encore pratiquement pleine se lève à l’est peu après le coucher du Soleil le lundi 8 septembre et, dès que le fond du ciel est suffisamment sombre, le petit point de Saturne apparaît près de trois degrés sous elle. Avec une magnitude proche de 0,6, la planète est à son éclat maximum moins de deux semaines avant son opposition du 21 septembre. Ces deux astres parcourent la voûte céleste côte à côte en franchissant le méridien à près de quarante-quatre degrés de hauteur et nous les retrouvons à l’aube loin au-dessus de l’horizon ouest-sud-ouest.

Le mardi 16 septembre à l’aube, une heure et demie avant le lever du Soleil, un épais croissant de Lune tient compagnie à Jupiter dans les Gémeaux. Cette constellation est installée à plus de quarante degrés de hauteur au-dessus de l’horizon est. À peine plus d’un mois après leur rencontre rapprochée (voir mon billet précédent), Jupiter brille déjà à près de trente-cinq degrés de Vénus, qui est dans le Lion. Dans quelques jours, après le départ de la vieille Lune, le long fuseau blanchâtre de la lumière zodiacale sera somptueux dans les bons sites autour de ces deux planètes éclatantes.

Juste avant l’équinoxe d’automne – le 22 septembre –, l’intense éclat vénusien frôle Régulus non loin du croissant lunaire et de sa superbe lumière cendrée. Le vendredi 19 et le samedi 20 septembre à l’aube, une heure et demie avant le lever du Soleil, cette planète est à moins d’un degré d’écart de l’étoile principale du Lion et à une dizaine de degrés de hauteur au-dessus de l’horizon est-nord-est. Vénus est actuellement 150 fois plus brillante que Régulus, qui se situe à la base d’un astérisme surnommé la faucille : en prenant les étoiles qui forment la tête du Lion dans le dessin de cette figure céleste on reconnaît cet outil sans difficulté. Comme presque toujours sur la voûte céleste, ces astres n’ont rien de commun et ils ne sont réunis que par leur proximité apparente dans le ciel de la Terre. Pour vous en convaincre, j’ai indiqué sur le schéma leur distance au Soleil en années-lumière : elle va de moins de 80 années-lumière pour Régulus à plus de 2 130 années-lumière pour Êta Leonis. Presque vingt-huit fois plus éloignée de nous que Régulus, cette dernière n’est pourtant que sept fois moins brillante dans notre ciel. Cela signifie que son éclat réel est colossal : si elle était à la même distance que Régulus, Êta Leonis serait plus éclatante que Sirius, l’étoile la plus brillante de la sphère céleste. Et si elle était aussi proche que Sirius – 8,6 années-lumière seulement –, Êta Leonis serait presque cinquante fois plus éclatante que Vénus et serait visible en plein jour !

Le ciel en septembre
En septembre, le crépuscule astronomique prend fin moins de deux heures après le départ du Soleil. Le Triangle d’été est alors bien visible, très haut dans le ciel au-dessus de l’horizon sud. Véga et Deneb se succèdent au zénith et Altaïr pointe vers le sol. En vous tenant face à l’ouest, l’éclat d’Arcturus s’impose et semble se balancer doucement sous le grand parachute du Bouvier. Plus haut – votre nuque commence à renâcler ! –, l’arc de la Couronne boréale et le nœud papillon d’Hercule vous ramènent à Véga. Au nord-ouest, la Grande Ourse poursuit sa course circumpolaire et la Casserole sera posée sur l’horizon nord après minuit. Les étoiles Mérak et Dhubé, qui servent à trouver la Polaire dans l’hémisphère Nord, peuvent également vous entraîner jusqu’au carré de Pégase de l’autre côté du ciel. Non loin de l’Aigle, le Dauphin – une toute petite figure que l’on peut cacher avec le pouce bras tendu – est un losange avec une prolongation qui suggère relativement bien le corps arqué d’un dauphin bondissant hors des flots. Au nord-est, devant la portion la plus étriquée de la Voie lactée, le W de Cassiopée et l’arc de Persée sont en place et, dans les meilleurs sites, il est facile de voir à l’œil nu la tache oblongue du double amas d’étoiles qui les sépare – tout comme il est possible de distinguer la tache grisâtre de la galaxie d’Andromède en dessous de Cassiopée, en descendant en biais vers l’est. Tout le ciel d’hiver est à présent installé sur la voûte céleste à l’orée de l’aube et l’on retrouve l’immense Hexagone et le plus modeste Triangle d’hiver. Saturne est à l’opposition et nous accompagne toute la nuit ; Jupiter se lève après minuit et grimpe vers l’est-sud-est jusqu’à l’aube.

Carte du ciel visible en septembre 2025 vers la fin du crépuscule à la latitude de la France métropolitaine. Les cartes de ce billet peuvent être utilisées en Europe et dans le monde à l’intérieur d’une bande s’étendant de 38° à 52° de latitude nord. Si vous êtes à plus de 45° nord, l’étoile Polaire sera plus haute dans votre ciel et, le soir, Altaïr de l’Aigle sera d’autant plus proche de l’horizon sud. Si vous êtes à moins de 45° nord, l’étoile Polaire sera plus proche de l’horizon nord et Altaïr sera plus éloignée de l’horizon sud.

Cette carte montre le ciel visible en septembre 2025 à l’orée de l’aube à la latitude de la France métropolitaine. Attention, les cartes du ciel ne sont pas à l’envers ! Elles représentent simplement les astres qui sont situés au-dessus de nos têtes. Si vous vous allongiez avec la tête vers le nord et les pieds vers le sud, l’est serait bien à votre gauche et l’ouest à votre droite. Utilisez ces cartes en les imprimant et en les faisant tourner de telle sorte que le nom de la direction dans laquelle vous observez soit écrit à l’endroit. Les constellations et les étoiles que vous retrouverez dans la portion du ciel qui vous fait face sont toutes celles dont le nom est lisible sans trop pencher la tête. Les noms des constellations et de leurs principales étoiles sont indiqués, ainsi que le tracé des constellations les plus importantes ; ce tracé est parfois incomplet lorsque la figure est en partie cachée sous l’horizon. Le ciel est très vaste et les constellations qui semblent petites sur les cartes sont, en fait, très grandes : votre main ouverte et bras tendu cache ainsi à peine l’ensemble du Chariot de la Grande Ourse.

L’édition 2026 de mon ouvrage annuel sur l’observation du ciel à l’œil nu sera disponible dans votre librairie habituelle à partir du 25 septembre. Le texte passe en revue, de janvier à décembre, les plus beaux phénomènes astronomiques visibles sans instrument (conjonctions, éclipses, lumière zodiacale, Voie lactée) et les agrémente de conseils pratiques, de rappels mythologiques sur les constellations, d’informations encyclopédiques sur les planètes et les étoiles et d’idées pour observer facilement le ciel en ville ou en pleine nature. Avec plus de 140 images, cartes et schémas photographiques.