Un rapport parlementaire, remis mercredi 9 avril, formule 25 propositions pour faire de la ménopause une priorité de santé publique et « garantir une prise en charge adaptée », aujourd’hui « impossible du fait d’inégalités sociales et territoriales ».
« Ces propositions sont pragmatiques, chiffrées, applicables » d’ici à deux ans, a estimé la députée macroniste Stéphanie Rist en remettant à la ministre de la santé, Catherine Vautrin, les conclusions de la mission qui lui avait été confiée à l’automne. Le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, avait souhaité que soit dressé un « état des lieux de la prise en charge » et « des difficultés rencontrées par les femmes en termes d’information et de suivi ».
Synonyme, sur le plan médical, de fin de l’activité ovarienne et d’arrêt des cycles menstruels, la ménopause a des conséquences sur la santé des femmes : symptômes invalidants, risque d’apparition de pathologies (ostéoporose, risques cardio-vasculaires, impacts cognitifs…). C’est aussi une étape qui touche toute leur vie sociale, et une « construction sociale qui contribue à en faire un tabou ».
« Inégalités sociales et territoriales »
Or les femmes se retrouvent « bien seules » face à « des informations contradictoires » et des professionnels qui, souvent, « faute de formation, ne proposent pas de prise en charge », détaille le rapport.
« Ainsi s’accommode-t-on que des femmes refusent une promotion, quittent leur emploi ou partent en retraite anticipée, avec des coûts importants pour les entreprises », voire qu’elles aient des infarctus ou des fractures graves, faute de prise en charge adaptée.
Face à cette situation, les parlementaires préconisent de « garantir une prise en charge adaptée pour toutes », aujourd’hui rendue « impossible » par des « inégalités sociales et territoriales », et de « changer le regard » grâce à « l’éducation dès le collège », une communication efficace et un « soutien à la recherche ».
Chaque femme doit se voir proposer « un parcours individualisé de la ménopause (le PIM), pluridisciplinaire » grâce à une « coordination accrue entre professionnels médicaux et non médicaux », et « les initiatives locales de centres spécialisés ou de consultations pluridisciplinaires » doivent être soutenues.
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Bien davantage prescrit « dans les départements les plus riches », le traitement hormonal de la ménopause (THM) a bénéficié à seulement 2,5 % des femmes ménopausées en 2024, « un chiffre qui s’est effondré comparé au début des années 2000 ». Les sages-femmes devraient pouvoir le prescrire « pour les cas non complexes, sous conditions de formation et de parcours coordonné ».
« Il faut dépasser le débat “pro-” ou “anti-” hormones » en établissant « des recommandations claires, s’appuyant sur l’ensemble des thérapeutiques reconnues comme efficaces », sur la base desquelles les professionnels « devront ensuite être formés et informés », plaident les parlementaires. Des recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) seront formulées « d’ici mi-2026 », a précisé son président, Lionel Collet.
Financement pérenne
La ménopause doit figurer dans les priorités des Agences régionales de santé (ARS) avec un financement pérenne pour des actions d’information et de prévention, et la création d’une consultation longue en début de ménopause doit être discutée lors de la négociation du prochain avenant à la convention entre médecins libéraux et l’Assurance-maladie, souligne également le rapport.
Nulle donnée statistique n’existant en France « sur le coût économique du défaut de prise en charge et d’accompagnement de la ménopause » – chiffré à 11,6 milliards d’euros par an au Japon –, il faut l’évaluer, et les employeurs, aujourd’hui très peu mobilisés, doivent « former et adapter les conditions de travail » en « s’inspirant des réussites à l’étranger ».
Le rapport propose notamment d’intégrer l’enjeu de la ménopause dans la visite médicale de mi-carrière, à 45 ans, de créer un guide « Ménopause sur le lieu de travail » à destination des manageurs et des salariés et d’encourager « l’élaboration d’un diagnostic suivi d’un plan d’adaptation des conditions de travail à l’échelle de chaque établissement ».
Aujourd’hui, les débats sur l’emploi des seniors, la qualité de vie au travail ou la retraite font « l’impasse » sur la ménopause, qui doit être pleinement intégrée à « la politique [de ressources humaines] et managériale des grandes entreprises et des services publics », selon les parlementaires.