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Histoires Web jeudi, décembre 26
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Le site fossilifère d’Angeac, en Charente, tient toujours ses promesses. Cet été, il a à nouveau comblé le paléontologue Ronan Allain, du Muséum national d’histoire naturelle de Paris (MNHN), et la trentaine de fouilleurs réunis sur ce site datant d’environ 140 millions d’années. En 2010, c’est la découverte d’un sauropode qui l’avait placé sur la carte paléontologique. Après des milliers d’ossements fossiles mis au jour, c’est à nouveau un gros fémur qui a réjoui les équipes. Cette pièce massive a bientôt été suivie de quatre vertèbres, de fragments de crâne, de bassin et d’une vingtaine de dents. Le tout permet de dresser le portrait-robot d’une nouvelle espèce de sauropode.

Ces dinosaures quadrupèdes herbivores font partie des plus grandes créatures ayant jamais arpenté notre planète. Le nouveau venu, qui devait mesurer entre 15 et 20 mètres de long, « n’est pas le plus grand, mais il était assez massif, autour de 25 tonnes », avance Ronan Allain. « Ses dents ne ressemblent pas à celles de l’autre espèce de sauropode, un turiasaure, déjà trouvé sur le site », explique le chercheur.

Lire aussi le reportage (août 2018) : Article réservé à nos abonnés La Charente d’il y a 140 millions d’années était une réserve de dinosaures

Autre différence notable, contrairement aux fossiles d’Angeac, très mélangés et souvent dégradés par un piétinement postmortem, les vertèbres ont, cette fois, été trouvées « en connexion ». Ce qui signifie que d’autres ossements devraient pouvoir être mis au jour à proximité : « Tout le monde est dans les starting-blocks pour l’année prochaine ! », jubile le paléontologue.

Une carrière inondable

La saison avait pourtant mal commencé. « A cause des pluies abondantes, on ne savait pas si on allait pouvoir fouiller, les engins s’enfonçaient et on ne pouvait pas drainer le terrain », raconte le chercheur. Le site d’Angeac a, en effet, la particularité de se trouver sur une carrière inondable, où un système de pompage et de bassins successifs permet de contrôler le niveau de l’eau. Les précipitations ont finalement pris fin et, avec une poignée de jours de retard sur le calendrier, les carriers qui donnent aux paléontologues accès à leur site ont pu dégager la couche de gravier recouvrant l’argile où les fossiles se sont accumulés.

Sur le site d’Angeac (Charente), en 2023.

Il faut imaginer Angeac il y a 140 millions d’années comme une vaste plaine marécageuse. Certains animaux ont pu s’y faire piéger par une brusque montée des eaux, comme ce groupe de quelque 70 ornithomimosaures, mâles et femelles – des « petits » carnivores bipèdes de 5 mètres de long. « Un peu comme on le voit chez les buffles en Afrique, dont les troupeaux traversent toujours au même endroit les cours d’eau durant leurs migrations et se font parfois emporter en grand nombre », imagine Ronan Allain.

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