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Une grève reconductible a été entamée le 2 avril par des agents de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) et des services régionaux de l’archéologie (SRA) qui estiment que leur mission de protection du patrimoine est mise en péril par un manque de financement. « Les budgets ne sont pas à la hauteur, souligne l’archéologue Séverine Hurard, représentante CGT à l’Inrap. La technique consiste à baisser le volume d’activité plutôt qu’augmenter les moyens pour répondre aux besoins. »

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Pour comprendre de quoi il retourne, il convient de rappeler que l’Inrap, organisme public placé sous la tutelle principale du ministère de la culture, remplit plusieurs missions. L’une, dite « non concurrentielle », consiste à dresser des diagnostics sur des terrains où sont prévus des aménagements publics et privés, afin de déterminer s’ils recèlent des vestiges archéologiques, et si ceux-ci méritent d’être étudiés avant de laisser place aux pelleteuses.

Le cas échéant, les aménageurs mettent en concurrence divers acteurs, dont l’Inrap, pour réaliser ces fouilles. Plus de 2 000 diagnostics ont été réalisés en 2024 et, en moyenne, quelque 450 fouilles préventives sont conduites chaque année. Ce dernier volet, dit « concurrentiel », et dont le financement est sécurisé, n’est pas celui qui est visé par les revendications des archéologues.

C’est sur la question des diagnostics qu’ils interpellent le ministère de la Culture. Ces diagnostics sont en effet réalisés sur prescription de l’Etat, en l’occurrence, les SRA, qui instruisent les demandes des aménageurs. Pour ne pas freiner l’activité économique, l’Etat dispose généralement d’un mois pour prescrire ou non un diagnostic. Il procède selon divers critères, notamment en fonction de la connaissance préalable de l’existence de vestiges dans la zone, renseignée dans la carte archéologique nationale.

« Des choix drastiques sont faits, mais on nous demande d’être encore plus drastiques parce qu’on refuse de donner les moyens à l’Inrap pour intervenir », analyse Benoît Ode, secrétaire général de la FSU Culture, archéologue à la direction générale des affaires culturelles (DRAC) Occitanie (Montpellier) et prescripteur depuis vingt ans. Il constate que le système « se grippe » et que le temps de réalisation des diagnostics s’allonge. « Aujourd’hui, on annonce un an à un an et demi d’attente à des particuliers ou des aménageurs, note-t-il. Que répondre au maire d’une petite commune qui a prévu la construction d’une cantine ? Des usagers nous appellent tous les jours pour demander l’annulation des prescriptions. »

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