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Histoires Web mercredi, juillet 16
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C’est l’histoire d’un Indien de 32 ans, venu consulter pour des troubles urinaires évoluant depuis un mois, caractérisés par un écoulement goutte à goutte, et suivis depuis trois jours d’une rétention urinaire aiguë. Cet homme rapportait également la présence de sang dans les urines (hématurie) ainsi que des difficultés à uriner (dysurie). Ce patient se plaignait également de douleurs abdominales basses intermittentes, qui étaient temporairement soulagées par la consommation de cannabis. Il vivait dans un contexte socio-économique défavorisé, avec un accès limité à l’eau potable, deux facteurs susceptibles d’avoir favorisé la formation d’un calcul vésical. Ce cas est rapporté par des chirurgiens urologues d’un hôpital de Ludhiana (Pendjab), dans un article paru en juillet 2025 dans la revue en ligne Urology Case Reports.

À l’examen clinique, le patient apparaît très amaigri. Une masse ferme, non douloureuse, est palpable dans la région située entre l’ombilic et le pubis. La percussion abdominale révèle un son sourd, suggérant la présence d’un volumineux calcul vésical, ce que confirment les examens d’imagerie : ils montrent un gros calcul pelvien, de forme globuleuse.

Les bilans sanguins de routine montrent une fonction rénale préservée, avec des taux d’urée et de créatinine proches de la limite supérieure de la normale.

Le patient a subi une intervention chirurgicale visant à retirer le calcul. Il a été opéré par cystolithotomie sus-pubienne, une procédure qui consiste à pratiquer une incision médiane au-dessus de la symphyse pubienne. À l’ouverture de la vessie, les chirurgiens ont découvert un gros calcul brun, dur, occupant l’ensemble de la cavité vésicale.

La cystolithotomie sus-pubienne est une technique bien établie pour retirer les calculs volumineux, notamment lorsqu’ils ne peuvent pas être fragmentés efficacement par des méthodes moins invasives, comme la lithotritie au laser, qui consiste à réduire le calcul en petits morceaux grâce à l’énergie délivrée par un laser. Lorsque la lithiase mesure plus de 6 cm, la cystolithotomie est le traitement de référence.

Un calcul fragmenté avec un marteau et un ciseau

Vue postopératoire d' ;un calcul vésical géant après son retrait, montrant différents fragments.

Pesant environ 900 grammes, le calcul a été réduit, à l’aide d’un marteau et d’un ciseau, en plusieurs gros fragments, qui ont ensuite été extraits avec précaution.

La vessie et la paroi abdominale ont été refermées avec soin, et deux sondes urinaires ont été mises en place pour assurer un drainage optimal. Les suites postopératoires ont été simples. Le patient a retrouvé un écoulement urinaire normal et les taux d’urée et de créatinine sont rapidement revenus dans les limites de la normale. La sonde urétrale a été retirée au quatrième jour postopératoire, et le patient est sorti de l’hôpital au sixième jour, avec une sonde sus-pubienne.

Bien que les calculs urinaires soient fréquents, les calculs vésicaux de grande taille restent exceptionnels. Ce cas rare souligne l’importance d’un diagnostic et d’une prise en charge précoces afin d’éviter des complications graves, telles qu’une insuffisance rénale. Les mesures de prévention, comme une bonne hydratation et une alimentation équilibrée, restent essentielles, en particulier dans les situations de précarité.

Le calcul vésical géant, défini comme un calcul de plus de 4 cm ou pesant plus de 100 g, est rare dans la pratique urologique moderne. Dans de très rares cas, les calculs vésicaux peuvent dépasser 10 cm de diamètre et peser plus de 100 g.

Plusieurs gros calculs vésicaux chez un patient présentant des troubles neurogènes de la miction. A gauche : radiographie montrant des calculs vésicaux denses et superposés. A droite : aspect de ces calculs après leur extraction chirurgicale de la vessie (cystolithotomie).

Ces calculs volumineux sont généralement associés à une obstruction des urines d’origine vésicale, à un dysfonctionnement de la vessie provoqué par des lésions neurologiques (vessie neurogène), à des infections urinaires chroniques ou à la présence de corps étrangers intravésicaux.

Les calculs vésicaux sont le plus souvent mobiles dans la vessie et perturbent peu l’évacuation des urines ; l’insuffisance rénale secondaire est donc rare.

En 2024, des médecins népalais ont publié le cas d’un homme de 52 ans, souffrant depuis dix ans de douleurs en urinant, d’urgences mictionnelles, de pollakiurie et de douleurs sus-pubiennes. Il présentait un gros calcul vésical de 10,6 × 8,6 × 8,8 cm. L’imagerie révélait également une importante dilatation du rein droit (hydronéphrose sévère) et un calcul rénal. La lithiase vésicale a été retirée par cystolithotomie ouverte.

En 2023, des médecins américains ont rapporté dans la revue en ligne Cureus le cas d’un homme de 75 ans présentant un calcul vésical mesurant 10 × 6 cm et pesant 210 g. Cette même année, des chirurgiens éthiopiens ont publié le cas d’un homme de 25 ans présentant un volumineux calcul vésical de 10 × 6 cm, pesant 260 g, ayant nécessité une cystolithotomie ouverte, une intervention chirurgicale qui consiste à ouvrir la vessie pour extraire le calcul.

En 2013, des urologues turcs ont décrit le cas d’un patient de 56 ans souffrant de douleurs et de troubles urinaires, opéré pour un calcul géant mesurant 11 × 6,5 × 10 cm et pesant 402 g. Le calcul, qui remplissait presque toute la vessie, était composé d’oxalate de calcium.

Les calculs vésicaux sont rares chez les femmes

Femme de 56 ans. Reconstruction tridimensionnelle du calcul vésical.

Les calculs vésicaux sont rares chez les femmes, représentant environ 5 % des cas. Ils peuvent être favorisés par des antécédents de chirurgie pelvienne, un prolapsus génital ou la présence de corps étrangers (sonde urinaire, poils, dispositifs intravaginaux). Dans ces conditions, les composants de l’urine comme le calcium, l’oxalate, le phosphate et l’acide urique précipitent pour former des cristaux, qui peuvent évoluer en concrétions de plus grande taille.

Énorme calcul vésical de treize centimètres de long sur dix centimètres de large.

En 2019, des chirurgiens américains ont décrit le cas d’une patiente de 56 ans qui présentait une insuffisance rénale aiguë obstructive causée par un calcul vésical géant mesurant 11 × 11 × 10,4 cm.

En 2014, des chirurgiens urologues iraniens ont rapporté le cas d’un homme de 35 ans présentant un gros calcul unique dans la vessie, mesurant 13 × 10 × 8 cm et pesant 826 g, composé à 60 % d’oxalate de calcium et à 20 % de phosphate de calcium. Une cystolithotomie ouverte avait été pratiquée pour extraire le calcul.

Le traitement chirurgical est systématique lorsque l’expulsion spontanée des calculs est impossible en raison de leur taille. La cystolithotomie ouverte reste la technique de référence pour les calculs volumineux, notamment ceux dépassant 4 cm.

En général, les calculs de la vessie sont uniques, mais dans 25 à 30 % des cas, plusieurs calculs peuvent se former en cas de stagnation d’urine. Ces calculs sont surtout composés d’oxalate de calcium, de phosphate de calcium ou d’urate d’ammonium. Les calculs vésicaux géants se développent généralement à partir d’un seul noyau initial, qu’il s’agisse d’un foyer de matériel infecté, d’un corps étranger ou d’un calcul urétéral passé dans la vessie. Toutefois, la fusion de plusieurs calculs vésicaux peut également être à l’origine de leur formation.

Calcul vésical géant après extraction de forme ovale (11 cm). (A) Vue supérieure. (B) Vue inférieure. La
seringue visible sur la photo est une seringue standard de 20 ml contenant le liquide drainé de la vessie
pendant l’opération, après lavage de la vessie avec du sérum physiologique.

Dans les pays en développement, les calculs de la vessie sont fréquents, souvent parce que les patients retardent leur consultation médicale en raison de ressources limitées, ce qui facilite la formation de ces lithiases vésicales. Cependant, des cas exceptionnels ont été rapportés ces dernières années par des équipes médicales de pays développés.

Homme de 64 ans. Volumineux vésical.

En 2017, des chirurgiens californiens ont rapporté dans le New England Journal of Medicine le cas d’un homme de 64 ans qui, plus de dix ans auparavant, avait subi une cystectomie radicale avec création d’une néovessie à partir de segments intestinaux, en raison d’un cancer invasif de la vessie. Le scanner avait révélé un très gros calcul dans la néovessie.

L’utilisation de segments intestinaux pour créer des dérivations urinaires peut favoriser la formation de calculs, en raison d’une élimination excessive de bicarbonate et d’oxalate dans les urines, ainsi que d’une colonisation prolongée des voies urinaires par des bactéries capables de décomposer l’urée, un composé naturellement présent dans l’urine. Ces bactéries, dites uréases positives, produisent une enzyme qui transforme l’urée en ammoniac et en dioxyde de carbone. Cette réaction chimique augmente le pH de l’urine (la rendant plus alcaline), ce qui favorise la formation de certains types de calculs urinaires, notamment ceux à base de struvite (phosphate de magnésium et d’ammonium). D’autres facteurs de risque peuvent intervenir, tels que la stase urinaire, la production de mucus, ou la présence de matériaux chirurgicaux non résorbables utilisés pour la construction de la vessie de substitution.

La néovessie a été ouverte pour extraire un calcul de forme ovoïde, qui mesurait 12 cm × 9,5 cm × 7,5 cm, et pesait 770 g. Il était composé de 20 % de struvite et 80 % de phosphate de calcium.

En 2020, des chirurgiens américains ont décrit dans la revue Urology un cas similaire : un homme de 59 ans, opéré dix ans plus tôt d’une cystectomie avec création d’une néovessie de Studer (réalisée à partir d’un segment d’intestin grêle), présentait deux gros calculs, mesurant respectivement 12 × 10,5 × 14 cm et 6,5 × 7,5 × 10 cm. Leur composition était un mélange de phosphate de calcium (80 %) et de carbonate de calcium (20 %). Le plus petit pesait 490 g, tandis que le plus gros atteignait 1,67 kg. Oui, vous avez bien lu : 1 670 grammes !

Cela dit, le record mondial incontesté appartient à un patient brésilien opéré en 2003 à São Paulo en 2003. Son calcul vésical ovoïde, qui mesurait 17,9 × 12,7 × 9,55 cm et pesait 1,9 kg, a été homologué par le Guinness Book.

Pour en savoir plus :

Pannu AS, Pannu BS. A rare case of a 2-pound urinary bladder stone in a 32-year-Old male. Urol Case Rep. 2025 Apr 29 ;61 :103054. doi : 10.1016/j.eucr.2025.103054

Acharya GB, Baral S, Bijukchhe SM, et al. Giant urinary bladder stone : A rare case report. Int J Surg Case Rep. 2024 Sep ;122 :110174. doi : 10.1016/j.ijscr.2024.110174

Hu J, Phan AT, Craig D. A Rare Case of a Giant Bladder Stone Associated With Post-obstructive Renal Failure Managed by Open Cystolithotomy. Cureus. 2023 May 30 ;15(5) :e39718. doi : 10.7759/cureus.39718 https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC10309654/

Gadelkareem RA, Shalaby MM, Faddan AA. Predictors of clinical and surgical characteristics of giant stones of the urinary bladder : a retrospective study. BMC Urol. 2023 May 4 ;23(1) :83. doi : 10.1186/s12894-023-01261-2

Molla YD, Getahun GM, Assefa MA. Giant bladder stone a rare cause of renal failure, a case report. Int J Surg Case Rep. 2023 Apr ;105 :108085. doi : 10.1016/j.ijscr.2023.108085

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Bestari MG, Oktarina A L, Karim MI, et al. Giant bladder stone resulting in renal failure and concurrent bladder cancer : A case report. Int J Surg Case Rep. 2022 May ;94 :107170. doi : 10.1016/j.ijscr.2022.107170

Nethala D, Martin C, Tabib C, et ak. Massive Neobladder Stones in Postcystectomy Patient Lost to Follow Up. Urology. 2020 May ;139 :e10-e11. doi : 10.1016/j.urology.2020.01.023

Agrawal R, Taha K, Poudyal A, et al. Giant bladder stone in association with severe kidney injury. Oxf Med Case Reports. 2019 Jul 17 ;2019(7) :omz063. doi : 10.1093/omcr/omz063

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Farshi A, Sari Motlagh R, Jafari Arismani R. Delivery of huge bladder stone in a thirty-five-year-old man. Nephrourol Mon. 2014 Nov 5 ;6(6) :e20574. doi : 10.5812/numonthly.20574

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