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Alors que le débat sur le projet de loi de finances 2025 menace de s’enliser sur fond de cacophonie parlementaire, les perspectives économiques de la France s’assombrissent. Les doutes sur le rythme de la croissance se renforcent. Le marché de l’emploi ralentit. Le climat des affaires se dégrade, notamment dans l’industrie. La consommation flanche et la confiance des ménages français recule. A ce tableau déjà sombre, s’est ajoutée, vendredi 25 octobre, une pression supplémentaire de la part de l’agence de notation financière américaine Moody’s. Si celle-ci a maintenu sa note de crédit sur la France à Aa2, elle l’a assortie d’une « perspective négative », ouvrant la porte à une prochaine dégradation.

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Au-delà de ses faiblesses structurelles, l’économie française commence à subir le contrecoup des difficultés de l’Allemagne, son principal partenaire commercial. L’industrie est confrontée à une demande atone, des prix de l’énergie qui restent élevés et une concurrence chinoise exacerbée. Les incertitudes liées aux hausses d’impôts et aux économies dont accouchera le débat budgétaire contribuent à fragiliser la confiance et n’incitent ni à consommer ni à investir.

Dans ce contexte peu porteur, Moody’s s’inquiète surtout de l’incroyable dérapage budgétaire, qui a porté le déficit public à 6,1 % de la richesse nationale et la dette à 112 %. Les marchés financiers avaient déjà réagi en propulsant les taux d’intérêt français à dix ans au-delà de ceux du Portugal puis de l’Espagne, pour se rapprocher des taux italiens. L’attitude des investisseurs est désormais suspendue à la tournure du débat budgétaire pour savoir si l’objectif de Michel Barnier de ramener le déficit à 5 % en 2025 reste crédible. Moody’s évoque un « risque grandissant » que le gouvernement ne soit pas en mesure de tenir cette trajectoire. Il y a quelques jours, le Fonds monétaire international avait fait part de ses doutes à ce sujet.

Une certaine mansuétude des agences

Même si la France échappe cette fois-ci à la dégradation, il ne faut pas relativiser ce qui est à l’œuvre. Désormais, l’Hexagone n’est plus qu’à un cran de la catégorie A chez deux des trois principales agences de notation, Standard & Poor’s (S&P) et Fitch. C’est une zone dangereuse, car une nouvelle dégradation disqualifierait la dette française auprès de nombreux investisseurs. Les règles de gestion des fonds de placement limitent voire interdisent de détenir des obligations qui sont classées sous les catégories AAA ou AA. La dette française aurait beaucoup plus de mal à trouver preneur et ceux qui accepteraient d’en acheter ne le feraient qu’avec une prime de risque substantielle, c’est-à-dire des taux beaucoup plus élevés. S&P se prononcera le 29 novembre.

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Le pays est au seuil de ce cercle vicieux, qui entraînerait un alourdissement de la charge de la dette et réduirait d’autant les marges de manœuvre budgétaires. La menace devrait inciter les parlementaires à faire davantage preuve d’esprit constructif et de sens des responsabilités pour élaborer un budget crédible face à des déséquilibres qui ne sont plus soutenables.

La France bénéficie encore d’une certaine mansuétude de la part des agences de notation par rapport à des pays qui ont des taux d’endettement et de déficit du même ordre de grandeur. Mais cette prime ne tient désormais qu’à un fil. Alors que la crédibilité de la France est entamée, tout blocage politique sonnerait l’hallali.

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Le Monde

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