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La victoire du candidat nationaliste conservateur, Karol Nawrocki, à l’élection présidentielle en Pologne, dimanche 1er juin, est un coup de tonnerre dans un ciel européen déjà très assombri par la montée de l’extrême droite, une dynamique activement stimulée par l’administration Trump à Washington et son mouvement Make America Great Again (MAGA).

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M. Nawrocki, un historien de 42 ans sans expérience politique, présenté par le parti Droit et justice (PiS), a battu de justesse, avec 50,89 % des voix, le maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski, soutenu, lui, par le parti de centre droit du premier ministre, Donald Tusk, Plateforme civique.

L’étroitesse de la victoire de M. Nawrocki confirme la polarisation de l’électorat polonais, qui s’est fortement mobilisé pour ce second tour, avec un taux de participation de 71,63 %. Selon un scénario désormais familier en Europe, le maire de Varsovie a réalisé ses meilleurs scores dans les grandes villes de Pologne, tandis que le candidat nationaliste conservateur a séduit les électeurs des zones rurales, mais aussi l’électorat jeune, en particulier masculin.

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La défaite de M. Trzaskowski est d’abord un échec et un cauchemar pour le gouvernement Tusk, au pouvoir depuis les élections législatives d’octobre 2023 et dont l’agenda progressiste de rétablissement de l’Etat de droit était freiné par l’obstruction du président sortant conservateur, Andrzej Duda. En cohabitation avec M. Nawrocki, le pro-européen Tusk va devoir composer avec un président qui maniera son droit de veto avec beaucoup plus d’activisme que son prédécesseur et tentera de le pousser à organiser des élections anticipées.

Election lourde de conséquences

L’élection de M. Nawrocki est aussi lourde de conséquences pour l’Union européenne (UE), où la Pologne occupe à présent, trente-six ans après sa sortie du bloc soviétique, une place importante, sur laquelle comptent Paris et Berlin.

Sixième économie de l’Union, en croissance continue, avec une population équivalente à celle de l’Espagne et un gros budget militaire, elle joue aussi un rôle diplomatique et logistique crucial dans le contexte de la guerre menée par la Russie en Ukraine. Le nouveau président ne remet pas en cause l’appartenance de son pays à l’UE, ni celle à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), mais il appuiera les forces souverainistes au sein de l’Union et il est opposé à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN.

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Surtout, cette victoire du camp nationaliste en Pologne illustre la poussée de la dynamique d’extrême droite en Europe appuyée par les ingérences américaines. M. Nawrocki était, de fait, le candidat de Donald Trump. Le président des Etats-Unis l’a reçu à la Maison Blanche en pleine campagne électorale et a dépêché en Pologne, quelques jours avant le second tour, sa ministre de la sécurité intérieure, Kristi Noem. Au cours d’une réunion publique, cette importante figure du mouvement trumpiste MAGA a appelé les Polonais à élire M. Nawrocki, mettant clairement dans la balance l’appui militaire américain à la défense de la Pologne.

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La victoire du centriste Nicusor Dan à l’élection présidentielle en Roumanie, le 18 mai, était en réalité l’exception plutôt que la règle. Avec le nationaliste Viktor Orban en Hongrie, son ami Robert Fico en Slovaquie et un possible retour du populiste Andrej Babis en République tchèque en septembre, la victoire de M. Nawrocki en Pologne traduit l’échec des forces centristes à résister à la montée du nationalisme dans la région, alors que ces mêmes forces sont talonnées par l’extrême droite en Europe occidentale.

Le Monde

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