Quatre-vingts ans et le double de livres publiés. C’est ce que célèbre le splendide gâteau en carton (« une pâtisserie sans calories ! ») qui trône sur le canapé. Quelques jours plus tôt, Susie Morgenstern a eu la surprise de se le voir présenter, parsemé de couvertures miniatures de La Première Fois que j’ai eu seize ans, La Sixième, Lettres d’amour de 0 à 10, et autres merveilles qu’on lui doit, dans un amphithéâtre de la Sorbonne. La Franco-Américaine au délicieux accent jamais dompté pensait participer à un colloque sur la littérature jeunesse, aux côtés de ses amis Marie Desplechin, Daniel Pennac et Thierry Magnier. Mais il s’agissait d’une fête surprise, pour honorer la superstar de son domaine, organisée en secret par sa fille Aliyah Morgenstern, vice-présidente de l’université Sorbonne-Nouvelle Paris-III.
Notre apéritif a d’ailleurs lieu chez Aliyah et son mari, Philippe, qui vivent dans le centre de la capitale et hébergent Susie la Niçoise lorsqu’elle vient à Paris – on croise en coup de vent son petit-fils musicien, Noam, puis son gendre, auquel semble la lier une grande complicité, vient partager un verre avec nous. C’est à Aliyah, consultée en amont, que l’on doit la suggestion d’un gewurztraminer comme boisson au goût de sa mère. Le vin blanc alsacien la ravit en effet – Susie Morgenstern, c’est l’un de ses nombreux charmes, n’a pas le plaisir timide. Elle commence à le déguster tandis que la photographe tourne dans le salon lumineux, ambiance intello-bohème, en cherchant à tirer le meilleur parti des accessoires à sa disposition : le majestueux gâteau, les lunettes roses en forme de cœur dont l’autrice a fait sa marque de fabrique ainsi qu’un vélo d’appartement posé là. Qui a un peu fréquenté les livres de Susie Morgenstern devine, avant même qu’elle ne « galère » (un mot qu’elle adore) à monter dessus, verre en main, qu’elle n’est guère familière de l’objet. Son œuvre est remplie d’héroïnes en surpoids, qui se maudissent d’aimer trop la nourriture et pas assez le sport.
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