C’est un apéro du dimanche, ciel orageux, bitume lessivé par un reste de pluie. Belleville, d’ordinaire si animé, a l’air triste et fatigué, en gueule de bois. Raphaël Quenard arrive en retard avec sa taille immense et son sourire si blanc qu’on se dit qu’il doit devenir phosphorescent sous les stroboscopes des boîtes de nuit. Il a choisi ce bar aux murs tapissés d’écrans de retransmission de matchs de foot, « par souci géographique : [il] le croise tous les jours de [son] regard », explique-t-il, une batterie de vélo à la main. Il habite toujours ce quartier populaire de Paris, même si les confortables cachets qui aident à se faire beau sont passés par là. Son style est streetwear, jean-baskets, mais la doudoune est siglée Dior et la banane en cuir rouge profond vient de chez Cartier. L’Isérois aime la sape, la mode et un peu ce qui brille – de petits anneaux sertis pendent à ses oreilles –, même s’il assure être un « extrême novice en la matière ».
A 34 ans, la nouvelle coqueluche du cinéma français tient à s’excuser de nous avoir fait poireauter : ce n’est pas parce qu’il va au Festival de Cannes qu’il a oublié d’être poli. Actuellement en tournage, il y présentait I Love Peru, un docu-fiction ovni réalisé avec un copain, Hugo David, nécessitant trente-huit mois de montage, un long-métrage qui, de son propre aveu, « souffre de certaines limites du fait de la petitesse des moyens, mais qui dégage une certaine intensité ».
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