Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, en visite d’Etat à Paris, a exhorté Emmanuel Macron à « conclure » l’accord de libre-échange entre le Mercosur et l’Union européenne (UE), jeudi 5 mai, auquel Paris est s’oppose fermement dans sa forme actuelle, contrairement à d’autres pays européens comme l’Allemagne ou l’Espagne. Il s’agit de la première visite d’Etat en France d’un président brésilien depuis 2012, et elle intervient à quelques mois de la COP30 organisée par le Brésil en novembre prochain.
« Ouvrez un petit peu votre cœur pour cette possibilité de conclure cet accord avec notre cher Mercosur. Cet accord ce serait la meilleure réponse que nos régions puissent apporter face au contexte incertain créé par le retour de l’unilatéralisme et du protectionnisme tarifaire », a lancé Lula lors d’une conférence de presse à l’Elysée.
Cet accord avec l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay doit permettre à l’Union européenne d’exporter notamment plus de voitures, de machines et de spiritueux, en échange de l’entrée de viandes, sucre, riz, miel ou soja sud-américains.
Lula accuse de nouveau Israël de commettre « un génocide prémédité »
A la veille du début de la visite du président brésilien, des députés français ont réuni mercredi plusieurs filières agricoles à l’Assemblée pour réaffirmer leur opposition à l’accord. Jean-François Guihard, président de l’interprofession du bétail et des viandes (Interbev), a appelé Emmanuel Macron à être « extrêmement ferme » face à Lula « pour dire que cet accord n’est pas possible ». Mais en pleine guerre commerciale avec les Etats-Unis, « il y a un nouveau contexte international » qui devrait pousser en faveur de l’accord, selon la diplomatie brésilienne.
Le président brésilien a aussi évoqué la reconnaissance de l’Etat palestinien qui est, selon lui, « un devoir moral, humain et une exigence politique de tous les dirigeants du monde ». Brasilia a reconnu un Etat palestinien en 2010. Une conférence est organisée par la France et l’Arabie saoudite à l’ONU à partir du 17 juin pour une « solution à deux Etats ».
Lula a également accusé « le gouvernement d’extrême droite » d’Israël de commettre un « génocide prémédité par une armée hautement préparée contre des femmes et des enfants » à Gaza. « Ce qui se passe à Gaza n’est pas une guerre (…). Nous voyons un génocide sous nos yeux, jour après jour, ce n’est plus possible d’accepter. »
Sur l’Ukraine, Emmanuel Macron a demandé que les belligérants russe et ukrainiens ne soient pas mis sur le même plan, qui observe une attitude de neutralité vis-à-vis de la guerre en Ukraine. « Nous voulons tous la paix, mais on ne peut pas traiter les deux belligérants de manière équidistante », a lancé le chef de l’Etat, tout en soulignant que le Brésil avait « un rôle très important à jouer » dans la recherche d’une solution au conflit.