Meilleures Actions
Histoires Web samedi, septembre 28
Bulletin

Il a coupé ses longs cheveux et dépassé la trentaine. Pourtant, Truong Minh Quy ressemble à un étudiant, dans ce café du quartier Mouffetard, à Paris, où a lieu la rencontre. Tee-shirt noir, lunettes cerclées de métal, voix douce. Né en 1990, à Buon Ma Thuot, ville située sur les hauts plateaux du centre du Vietnam, il est le réalisateur de Viêt and Nam, son troisième long-métrage, sélectionné à Cannes à Un certain regard – censuré, le film ne sera pas distribué au Vietnam. Le trentenaire fait partie de cette nouvelle génération du cinéma d’auteur vietnamien, tel Pham Thien An, réalisateur de L’Arbre aux papillons d’or (2023), lauréat de la Caméra d’or sur la Croisette.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Cannes 2024 : le cinéma d’auteur vietnamien émerge, entre censure, sexe et traumatismes historiques

A première vue, les images sensuelles et rêveuses de Viêt and Nam, qui revisitent les traumas de la guerre à travers un couple de garçons – « gueules noires » travaillant dans les mines et y faisant l’amour –, font écho au travail du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul. Mais les influences du Vietnamien sont plus vastes. « L’œuvre de Weerasethakul m’a aidé à comprendre que faire du cinéma peut être simple. Mais Viêt and Nam renvoie aussi à Andreï Tarkovski, notamment son film intime Le Miroir [1975]. Et, globalement, l’œuvre d’Alain Resnais me parle, qui consiste à assembler des images et du son, au-delà de la narration. Ensuite, le fait de ne pas travailler avec des acteurs professionnels vient de Robert Bresson. Les comédiens ne doivent pas trop exprimer… », assure-t-il.

« Choix radicaux »

Truong Minh Quy a découvert le cinéma dans les clubs vidéo. « Il n’y avait pas de salles, dans mon enfance. Chez le loueur, tout était sur la table. Je visionnais les films avec ma grand-mère, chez laquelle je vivais, au lycée. » Plus tard, le jeune homme tourne ses premiers courts-métrages avec des membres de sa famille. Puis, ses « choix radicaux » l’ont amené à quitter l’école de réalisation de Ho Chi Minh-Ville, qu’il avait intégrée à l’âge de 18 ans.

Il réalise ensuite plusieurs courts qui circulent dans les festivals, comme l’expérimental The Sublim of Rectum (2017), « exploration visuelle d’un contact intime homosexuel », indique le synopsis. Pendant ses études à l’Ecole du Fresnoy, à Tourcoing (Nord), il met en scène des rencontres furtives entre hommes sur un ancien terril, dans Les Attendants (2020) ; puis le film-installation The Woman Next Door (2021), au centre duquel se trouve un matelas, révèle sa fibre artistique – Truong Minh Quy a aussi participé à une exposition collective, en 2023, à la galerie parisienne BAQ (4e arrondissement).

Il vous reste 16.61% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2024 Mahalsa France. Tous droits réservés.