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La Chine suit la campagne électorale américaine avec la plus grande attention, se demandant non pas quel est le bon candidat pour elle, convaincue qu’il n’y en a pas, mais quel est le pire. Dans ce pays qui n’a pas d’élections, on attend avec impatience le résultat du scrutin, de l’autre côté du Pacifique, sur lequel on n’a pas prise mais que l’on juge pourtant déterminant pour l’ascension chinoise tant la rivalité s’est aiguisée ces dernières années entre les deux grandes puissances.

La campagne, du point de vue chinois, aurait pu être pire. Elle a jusqu’à présent tourné davantage autour de la personnalité des candidats, de la question migratoire et des guerres au Proche-Orient et en Ukraine, qu’elle ne s’est focalisée sur la menace chinoise, même si le sujet revient régulièrement.

Mais dans les cercles proches de la politique étrangère chinoise, on constate cependant que les mesures d’entrave à la Chine sont l’un des rares sujets qui peuvent susciter une forme d’entente à Washington. Le fait que le président sortant, Joe Biden, ait conservé durant son mandat l’essentiel des taxes douanières qu’avait institué son prédécesseur, Donald Trump, n’est pas passé inaperçu. « Les républicains et les démocrates se combattent à peu près sur tout, sauf quand ils en viennent à la Chine. On a l’impression que c’est le seul consensus sur la colline du Capitole », constate Wang Dong, un professeur de relations internationales à l’université de Pékin, la plus prestigieuse du pays en sciences politiques, qui s’est souvent rendu aux Etats-Unis.

Sur ce campus verdoyant du nord de la capitale chinoise où l’on forme l’élite, les observateurs passent en revue les difficultés et les opportunités à attendre d’une victoire en novembre de Kamala Harris ou de Donald Trump. Le sujet ne laisse pas non plus indifférent le reste de la population.

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Deux écoles de pensée

Deux écoles de pensée se distinguent. Il y a ceux pour qui il est indiscutable que Trump serait le plus grand défi. L’économie de la Chine est déjà à la peine et Trump menace d’imposer 60 % de droits de douane sur tous les produits livrés par le premier exportateur mondial. Le PIB et les emplois chinois pourraient souffrir d’une nouvelle surenchère dans la guerre commerciale entre les deux pays. Trump s’était déjà entouré durant son premier mandat de « super faucons » obsédés par la menace chinoise.

Surtout, le caractère erratique du républicain est un facteur difficile à gérer pour le principal rival des Etats-Unis. Dans sa montée en puissance, la Chine se creuse un espace qui bouscule l’ordre mondial, par exemple en construisant des bases sur des îlots artificiels en mer de Chine méridionale ou en poussant sa marine, et notamment ses nouveaux porte-avions, plus loin de ses côtes. C’est donc jusqu’à présent plutôt la puissance établie américaine qui se trouve dans le rôle du modérateur, hésitant à réagir car craignant une escalade. L’imprévisibilité de Trump renverserait ces rôles, mettant Pékin sur la défensive.

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