Le président américain Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions « directes » avec l’Iran sur son programme nucléaire, lors de la réception lundi 7 avril du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, lequel est reparti sans les concessions commerciales qu’il espérait obtenir.
« Nous avons des discussions directes avec l’Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion », a déclaré à la presse le président américain. Il a ensuite assuré que cette rencontre samedi, dont le lieu n’est pas connu, se tiendrait « à très haut niveau » et même « quasiment au plus haut niveau ».
Il s’agit d’une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, surtout sachant que l’Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.
Un nouvel accord « différent »
Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d’otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique. Mais ils échangent indirectement par le biais de l’ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d’Oman a également joué un rôle de médiateur dans le passé, et le Qatar dans une moindre mesure.
« Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord », a aussi dit lundi le président républicain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d’un accord international avec l’Iran lors de son premier mandat, en 2018. Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d’un encadrement des activités nucléaires iraniennes.
Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé il serait « différent et peut-être beaucoup plus robuste. » Mais il a ajouté que l’Iran serait « en grand danger » si les discussions n’aboutissaient pas. Benyamin Nétanyahou, tenant d’une ligne dure face à Téhéran, a déclaré que l’objectif était que l’Iran ne produise « jamais » d’arme nucléaire, et a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement « complet », évoquant l’exemple de la Libye.
Concernant les droits de douane, autre enjeu crucial de sa visite, le premier ministre israélien a déclaré : « Nous éliminerons le déficit commercial des Etats-Unis » vis-à-vis d’Israël. Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l’annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.
Pas de promesse d’exemption des droits de douane
Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d’exemption ou de réduction des droits de douane, de 17 %, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi. Un journaliste a demandé à Donald Trump s’il comptait revenir sur cette taxe, et le président américain a répondu : « Peut-être pas. N’oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël ». Israël avait tenté en vain d’échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1 % de marchandises américaines encore concernées.
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Benyamin Nétanyahou a par ailleurs déclaré dans le Bureau Ovale qu’Israël oeuvrait à un nouvel « accord » sur la libération des otages retenus par le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza. « Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera », a renchéri Donald Trump, pendant une séance prolongée de questions-réponses avec les journalistes.
Après deux mois d’une trêve fragile entre le Hamas et Israël, l’armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d’où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 contre Israël.
La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit décédés, en échange de la libération de quelque 1 800 Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes. Sur les 251 otages enlevés lors de l’attaque du Hamas en octobre 2023, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 morts selon l’armée israélienne.