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Histoires Web lundi, janvier 27
Bulletin

« Le Pur et l’Impur », de Colette, Payot, « Petite biblio classiques », 172 p., 6,90 €.

« Chéri et La Fin de Chéri », de Colette, édité par Corentin Zurlo-Truche, Folio, « Classique », 592 p., 6,50 €.

« Le Fanal bleu », de Colette, préface de Chantal Thomas, Rivages poche, « Petite bibliothèque », 192 p., 7 €.

Ce 1er janvier, en compagnie de Matisse, dont elle a le goût des corps et la chaleur de tons, et de Frida Kahlo, femme-fanal comme elle, Colette (1873-1954) est entrée dans le domaine public. La belle affaire : elle y était déjà depuis plus d’un siècle et n’en est jamais sortie, silhouette populaire à l’œuvre populeuse ! Et à des titres tellement divers qu’on devrait écrire « Colettes ». Entre la porte-plume de Willy brochant ses quatre Claudine dans l’obscurité et la présidente de l’académie Goncourt ; la mimodrame, maîtresse de Mathilde de Morny, délivrant un baiser saphique sur la scène du Moulin-Rouge ; l’amante de Bertrand de Jouvenel, 17 ans, son beau-fils ; la chroniqueuse dramatique et l’amie du restaurateur Raymond Oliver se crée une « ténébreuse et profonde unité, vaste comme la nuit et comme la clarté » (Baudelaire), dont il est précieux de décliner, pétale après pétale, texte selon texte, la diversité.

Avec Le Pur et l’Impur, deux majuscules, je vous prie, paru en 1941 chez Calmann-Lévy, c’est la Colette « mauvais genres » qui nous fait les honneurs de sa liberté d’être et de ses amours à double battant : « Le véridique hermaphrodisme mental qui charge certains êtres fortement organisés. » A sa suite, de pièce en pièce, on passe d’une fumerie d’opium, où les plaisirs ne sont pas qu’impures fumées, aux confidences d’un vieux don Juan, livrées un soir dans un casino éteint. Ferme le ban un couple fort émouvant, prélude aux gay studies, celui formé par « les dames de Llangollen », lesbiennes du XIXe siècle britannique abritant leurs amours et jardinant dans les replis bucoliques d’un éden du Pays de Galles. Le moment le plus noir et le plus capiteux de cet album aux lettres d’or, relié en cuir de bouc, reste la nuit, à Neuilly, chez Renée Vivien, hétaïre Belle Epoque et collectionneuse de bouddhas géants costumée en nuit blanche. Extraordinaire parade des désirs interdits et des extases artificielles.

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