Meilleures Actions
Histoires Web lundi, mai 5
Bulletin

« Notre modèle de financement des infrastructures de transport est aujourd’hui à bout de souffle », a déclaré le premier ministre, François Bayrou, lors du lancement à Marseille, lundi 5 mai, d’une grande conférence qui durera deux mois et doit dégager des pistes de financement pour les transports. « Plusieurs dizaines de milliards d’euros sont nécessaires pour régénérer et moderniser notre réseau ferroviaire, ainsi que nos routes et autoroutes non concédées », a insisté le premier ministre, alors que la France doit trouver 40 milliards d’économies pour son budget 2026.

La conférence, baptisée « Ambition France Transports » et présidée par l’ancien secrétaire d’Etat aux transports Dominique Bussereau, doit proposer des scénarios pour sécuriser des financements pérennes avec trois ambitions : régénérer et moderniser les réseaux de transports, augmenter l’offre et accélérer la transition écologique. Pour atteindre les objectifs fixés lors de la troisième stratégie nationale bas carbone, la fréquentation des transports publics doit augmenter de 25 % d’ici à 2030.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Transports : le gouvernement en quête de « solutions créatives » pour financer les infrastructures de demain

Le secteur des transports est responsable d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre en France – l’immense majorité à cause de la route. Les infrastructures de transport doivent aussi s’adapter au changement climatique avec les vagues de chaleur, les inondations ou les glissements de terrains qui accélèrent la dégradation des ouvrages.

« Les engagements de l’Etat n’ont cessé de s’accumuler sans mettre les moyens en face », a souligné François Bayrou. En 2023, Elisabeth Borne, alors première ministre, annonçait un plan d’investissements de 100 milliards d’euros pour le ferroviaire d’ici à 2040 – une promesse qui peine aujourd’hui à se concrétiser.

« Les 100 milliards n’ont pas été totalement budgétisés, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais pour autant, il en reste quelque chose », a répondu le ministre chargé des transports, Philippe Tabarot, soulignant l’augmentation des investissements pour l’entretien du réseau ferroviaire. Une hausse des crédits uniquement permise par les bénéfices de la SNCF. M. Bayrou a aussi critiqué « la passion française pour la production de normes » qui « fait que les délais entre les premières études et la mise en service des projets peuvent dépasser dix ans, voire plus ».

La fin des concessions autoroutières au cœur des débats

Ambition France Transports, dont les travaux doivent se terminer à la mi-juillet, sera organisée sous forme de quatre ateliers, réunissant chacun entre dix et quinze participants (élus, professionnels, économistes). L’un portera sur le financement des transports du quotidien et en particulier les SERM (services express régionaux métropolitains, les fameux RER métropolitains annoncés en 2022). Un atelier concernera la mobilité routière et l’avenir des concessions autoroutières, qui arrivent toutes à échéance entre 2031 et 2036 ; un autre le ferroviaire et un dernier le fret.

Lire aussi (2024) | Article réservé à nos abonnés Les « RER métropolitains » se concrétisent avec quinze premières annonces

La fin des concessions autoroutières, exploitées dans leur immense majorité par trois grands groupes (Vinci, Eiffage et l’Espagnol Abertis), devrait occuper une grande partie des débats. Elle « offre une [occasion] sans précédent pour les pouvoirs publics de rediriger les recettes des péages de manière durable vers les projets de transport », a relevé François Bayrou.

Newsletter

« La revue du Monde »

Chaque week-end, la rédaction sélectionne les articles de la semaine qu’il ne fallait pas manquer

S’inscrire

« Je me souviens qu’en 2005 j’avais été bien seul à m’émouvoir lorsque le gouvernement avait décidé de céder ses parts dans les sociétés concessionnaires d’autoroutes », a-t-il rappelé. « L’Etat, je le crois, s’est volontairement privé d’une ressource qui était le véritable patrimoine des Français et qui aurait pu abonder de manière pérenne le secteur des transports pour trouver de nouveaux investissements, de nouveaux financements », a-t-il poursuivi, sans vouloir révéler quel modèle aurait sa préférence.

Doit-on conserver les concessions ? Passer à la gestion directe ? Financer l’entretien par le péage ou bien par l’impôt ? Et surtout, doit-on mettre la route à contribution pour financer le ferroviaire ? Aucune piste ne sera écartée, assurent les organisateurs de la conférence. Les sociétés concessionnaires réalisent environ 13 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an. Pour défendre leur modèle, elles affirment assumer de nombreux investissements, à commencer par l’installation de bornes électriques, dont le nombre sur les aires d’autoroute devra être multiplié par dix d’ici à 2035 pour répondre à la demande, selon l’une d’entre elles.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Petites lignes de train : suppression ou rénovation, le débat continue

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.