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Histoires Web vendredi, septembre 20
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Qui a pris les commandes de la planification écologique à Matignon ? Michel Barnier, l’ancien ministre de l’environnement, chef d’orchestre d’une loi majeure au mitan des années 1990 ? Michel Barnier, le candidat à la primaire de la droite qui dénonçait, en 2021, l’énergie éolienne ? Ou encore un autre Michel Barnier, nouveau premier ministre mis sous pression par « la situation (…) très grave » des finances publiques, soutenu par une minorité déjà agitée et surveillé par une extrême droite climatosceptique ?

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Pour tenter de se rassurer, les acteurs de la cause environnementale se sont d’abord raccrochés au passé du chef du gouvernement et à ses trois mots sur « la dette écologique » lors de la passation des pouvoirs à Matignon, jeudi 5 septembre.

Depuis, ses silences sur ce défi et le bourbier politique n’ont fait qu’alimenter leurs doutes. « Nous jugerons sur pièces, car nous avons connu beaucoup de responsables politiques qui emploient des termes forts mais ne font rien ensuite, détaille Morgane Créach, directrice générale du Réseau Action Climat. Oui, il a été ministre de l’environnement, mais, depuis des années, il a des positions critiques sur la transition. Nous verrons bien s’il revient sur les coupes dans les crédits, son budget devra être vu comme un acte politique. »

Longtemps, Michel Barnier a été le représentant d’une espèce très rare à droite. « Ils se battaient tous pour l’intérieur, la défense ou Bercy. Lui, il a voulu aller à l’environnement. Ça définit bien le personnage, quand même », résume Antoine Vermorel-Marques, député (Les Républicains, LR) de la Loire, qui a fait sa connaissance en 2013 lorsque le commissaire européen avait chargé le jeune étudiant à Sciences Po de mettre de l’ordre dans ses archives. Selon ses proches qui le répètent à l’envi, ce tropisme « vert » du nouveau chef du gouvernement remonte à son enfance iséroise passée au pied des massifs alpins. Chargé de mission à 22 ans auprès de Robert Poujade, premier ministre de l’environnement en France entre 1971 et 1974, cette singularité va en tout cas marquer le début de sa longue carrière de professionnel de la politique.

« Propension à ne pas déranger »

Après avoir rédigé un rapport parlementaire en tant que député de Savoie, il en tire un livre Chacun pour tous. Le défi écologique (Stock, 1990). Nombre de passages ne seraient pas reniés, aujourd’hui encore, par les militants de l’écologie politique. Il y évoque « les limites qui existent dans la capacité de la Terre à nous soutenir » ; il s’y désole de la baisse de la biodiversité, « le dégât biologique le plus important de notre époque car il est totalement irréversible » ; il y critique les « démarches guidées avant tout par le profit économique ». « L’abondance énergétique découlant d’un parc nucléaire largement surdimensionné et la baisse relative du prix des matières premières » ont « entraîné la promotion effrénée du “tout électrique” », écrit-il. Michel Barnier, un décroissant camouflé au sein de la droite gaulliste ? « La croissance peut être harmonisée avec l’environnement », précise-t-il en prônant des mesures fortes de protection de la nature.

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