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Dans un contexte de crise du système productif dans la plupart des grands secteurs de l’économie mondiale et devant la menace d’un éclatement d’une crise financière à tout moment, la campagne en faveur d’un système de retraite par capitalisation a quelque chose de surréaliste, sinon d’ubuesque. Cette campagne prend une ampleur renouvelée, avec, à la manœuvre, toutes les forces conservatrices qui veulent restreindre le système de retraite par répartition, sinon en finir avec lui.

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Dès l’ouverture des négociations dans le cadre du « conclave » voulu par le gouvernement de François Bayrou, le patronat français, par la voix du président du Medef, avait fait savoir qu’il s’opposerait à l’augmentation du taux de cotisations vieillesse et qu’il fallait introduire « une dose » ou « un pilier » de capitalisation pour compléter le système par répartition. Cette proposition fut théorisée par la Banque mondiale dans les années 1990 à l’aube de la mondialisation néolibérale, reprise en chœur par tous les partisans du capitalisme financier. Disons-le nettement : tout est factuellement faux dans l’argumentaire en faveur de la capitalisation.

La retraite par capitalisation resterait soumise aux mêmes contraintes démographiques que celle par répartition. Parce que ce sont toujours les actifs qui font vivre les inactifs. Au moment de la liquidation des contrats, la compagnie d’assurances ou le fonds de pension doivent trouver de nouveaux contractants pour pouvoir verser les pensions, et ceux-ci seraient les travailleurs du moment. En un mot, seul le travail ajoute de la valeur à partager. Non seulement la croyance contraire relève de la fiction, mais comme Keynes le disait, tout capital doit être « porté » et sa liquidité pour tout le monde en même temps est impossible. L’épargne retraite et l’assurance-vie ne changent en rien cette règle : on ne finance jamais sa propre retraite.

Détournement de richesse

La capitalisation est condamnée à subir les soubresauts de la finance ; des centaines de milliers d’Américains ont connu cela après la crise des subprimes de 2007. Une de ses caractéristiques est qu’il s’agit d’un système dit « par cotisations définies », c’est-à-dire dans lequel toute visibilité sur les pensions à venir est obscurcie, et non pas à prestations définies. Les partisans de la capitalisation arguent que le rendement de la capitalisation est supérieur sur le long terme à celui du système par répartition. Mais, dans ce long terme, les malheureux retraités ont le temps d’être ruinés à plusieurs reprises par la récurrence des crises financières, grandes ou petites.

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