Sacrifier les investissements écologiques et sociaux sur l’autel de la défense, voilà la petite musique qui monte depuis des mois. Pourtant, cette approche est la pire manière de répondre aux défis actuels : face à la menace russe, c’est par le social que nous éviterons la défaite, et par l’écologie que nous obtiendrons la victoire.
Ancien officier de réserve de l’armée de terre, je sais qu’une stratégie doit toujours avoir un objectif politique clair et articuler des moyens pour vaincre une volonté antagoniste.
Côté russe, les choses sont limpides. L’objectif est la conquête d’un nouvel empire. Le Kremlin mobilise d’abord des moyens politiques – désinformation, manipulation, subversion, soutien aux partis anti-européens – et économiques – chantage énergétique, corruption – pour affaiblir ses voisins et favoriser l’arrivée au pouvoir d’acteurs politiques qui lui sont favorables. C’est ainsi qu’il s’est allié à la Hongrie et a soutenu l’élection d’un président américain qui lui a, très littéralement, déroulé le tapis rouge. Lorsque ces manœuvres s’avèrent insuffisantes, Vladimir Poutine recourt alors à la force militaire, comme en Ukraine, où la guerre dure en réalité depuis onze ans.
Provocations russes
En ce qui concerne la France, la Russie multiplie les provocations : violations de notre espace aérien, cyberattaques, sabotages sur nos infrastructures sous-marines, appui à des coups d’Etat de régimes hostiles à la France en Afrique. Et si l’armée de Vladimir Poutine ne peut pas, à ce jour, envahir l’Hexagone, il n’est pourtant pas impossible que, le 14 juillet 2027, des chars russes défilent sur les Champs-Elysées à l’invitation d’un nouveau président venu des rangs de l’extrême droite.
Dès lors, tout choix politique qui, en France comme en Europe, affaiblit la justice sociale, la qualité de l’information ou la démocratie, parce qu’il crée un terreau favorable à l’extrême droite, concourt du même coup à la victoire de Poutine. A l’inverse, renforcer les services publics et revaloriser le travail sont autant de choix politiques, salutaires en eux-mêmes, qui s’opposent au projet poutinien visant à ramener les héritiers du maréchal Pétain au pouvoir.
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