Deux semaines ont passé depuis la défaite sur le fil de l’équipe de France masculine de rugby sur la pelouse de Twickenham (25-26). « On ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes », insistait le capitaine, Antoine Dupont, au sortir de la déconvenue anglaise. Après quelques jours de repos et avoir revu la rencontre, le staff français pense avoir identifié les responsables. Et le XV de France annoncé, vendredi 21 février, pour affronter l’Italie, dimanche 23 février à Rome (16 heures) dans le troisième match du Tournoi des six nations compte plusieurs changements forts.
« C’est l’équipe de France ! Il y a à peu près 300 000 pratiquants, et on aimerait bien les aligner tous, mais ça n’est pas possible », a ironisé le sélectionneur, Fabien Galthié, en conférence de presse, expliquant avoir « réfléchi à toutes les options » à l’heure de construire son groupe : « Pour jouer dans cette équipe, il faut performer. »
Deux joueurs, en particulier, font les frais de ce remue-ménage : les Bordelo-Béglais Matthieu Jalibert et Damian Penaud. Titularisé à Twickenham avec le numéro 10 sur le dos, le premier savait sa position fragile, bénéficiant de la suspension de l’ouvreur toulousain Romain Ntamack à la suite de son carton rouge face aux Gallois. La sanction est toujours en cours dimanche, mais Fabien Galthié et son staff ont choisi de respecter la hiérarchie qu’ils se sont fixée à l’ouverture : à la faveur du retour de l’arrière parisien Léo Barré, absent en raison d’une commotion en début du tournoi, Thomas Ramos retrouve la charnière tricolore, où il évoluera aux côtés de son partenaire de club Antoine Dupont.
« Développer une concurrence à tous les postes »
Ciblé, comme Matthieu Jalibert, pour ses absences défensives coupables face aux Anglais, Damian Penaud ne sera pas non plus du week-end à Rome. Et c’est davantage une surprise, tant l’ailier girondin marchait sur l’eau avec son club le mois passé – il a notamment inscrit un sextuplé en Coupe des champions. Remplacé par le Palois Théo Attissogbe, le joueur formé à Clermont ne dépassera donc pas dimanche le record du nombre d’essais inscrits sous le maillot bleu (il n’est désormais plus qu’à une longueur des 38 unités de Serge Blanco).
« Depuis le début de notre mandat [à la fin 2019], Damian a toujours été titulaire quand il était disponible. Il compte énormément pour nous », a insisté Fabien Galthié, assurant ne pas douter « du niveau ou de l’engagement » de l’ailier, parfois dilettante à l’entraînement. « On doit faire des choix et arbitrer, pour développer une concurrence à tous les postes », a poursuivi le Lotois.
Autre changement notable, le banc des Bleus ne laisse guère de place aux avaleurs d’espaces. Pour la première fois de son mandat – et de l’histoire du XV de France –, Fabien Galthié a choisi d’aligner des « finisseurs » composés de sept avants pour un seul arrière. « Le plus important (…), c’est d’être toujours en capacité de gagner le rapport de force au niveau des avants, insistait le sélectionneur tricolore, au début de février. C’est pour ça qu’on privilégie la fraîcheur et le potentiel de changements avec l’apport des finisseurs dans [ce] domaine. »
Thibaud Flament de retour en deuxième ligne
Devenu coutumier d’un banc en 6-2, l’entraîneur français s’est inspiré d’une stratégie de l’Afrique du Sud, la « bomb squad », chargée de concasser l’adversaire à son entrée en lice. Une tactique osée, les possibilités étant restreintes en cas de blessure ou d’expulsion d’un joueur des lignes arrières. « Un seul trois-quarts, c’est prendre un risque, a reconnu Fabien Galthié. Mais on a plusieurs joueurs polyvalents, donc on a travaillé sur d’éventuels cas de figure. » Les Français se sont entraînés cette semaine à gérer les potentielles chaises musicales liées à des imprévus de matchs.
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Un an après « un match nul au goût de défaite » contre l’Italie – les mots de l’arrière Thomas Ramos –, où les Bleus auraient pu s’incliner à domicile si la pénalité en toute fin de rencontre de Paolo Garbisi n’avait trouvé le poteau (13-13), les Français se déplacent à Rome avec l’esprit revanchard. Thibaud Flament sera de retour en deuxième ligne, où il remplace son partenaire à Toulouse Emmanuel Meafou, malade. Et les coéquipiers d’Antoine Dupont savent que tout autre résultat qu’une victoire sera un échec. « On vit avec cette exigence », souffle le sélectionneur tricolore, s’attendant à affronter « une équipe très combative » au Stade olympique, dimanche.
- Le XV de France face à l’Italie :
Gros, Mauvaka, Atonio – Flament, Guillard – Cros, Alldritt, Boudehent – (m) Dupont (cap.), (o) Ramos – Bielle-Biarrey, Moefana, Barassi, Attissogbe – Barré
Remplaçants : Marchand, Baille, Aldegheri, Taofifenua, Jelonch, Roumat, Jégou, Lucu