L’historien d’art autrichien Dieter Buchhart et sa consœur Anna Karina Hofbauer travaillent ensemble depuis plusieurs années. Spécialistes notamment de l’art américain, ils ont entre autres été les commissaires de l’exposition consacrée à Jean-Michel Basquiat en 2018 puis à celle montrant les relations de l’artiste avec Andy Warhol, en 2023, toutes deux à la Fondation Louis Vuitton. Ils se sont vu confier le commissariat de l’exposition « Pop Forever, Tom Wesselmann &… » qui débute le 17 octobre.
En travaillant sur cette exposition à la Fondation Louis Vuitton, qu’avez-vous découvert de nouveau sur le pop art en général et sur l’œuvre de Tom Wesselmann en particulier ?
Dieter Buchhart : Nous travaillons sur ce projet depuis huit ans. Cela nous a permis, au-delà de l’œuvre de Wesselmann, d’élargir le spectre, bien sûr aux ténors du pop art, comme Robert Rauschenberg, Jasper Johns, Roy Lichtenstein, James Rosenquist ou Andy Warhol, mais aussi à d’autres artistes moins connus, et en particulier les femmes. Les Américaines Rosalyn Drexler, Jann Haworth, Marisol et Marjorie Strider, la Japonaise Yayoi Kusama, la Belge Evelyne Axell, l’Autrichienne Kiki Kogelnik… En étudiant ainsi profondément la vie et l’œuvre de Wesselmann, mort en 2004, nous avons découvert qu’au-delà de son travail il est comme une araignée au milieu de sa toile, au centre d’un réseau qui connecte différents artistes.
Nous avons aussi découvert, chez des artistes parfois très jeunes, un énorme respect pour Wesselmann. Ils ne parlent pas de Lichtenstein, pas de Warhol, mais de lui, oui. Et surtout de ses dernières trouvailles, comme les dessins découpés dans l’acier (steel cut drawings) à l’aide du laser, qui était une technologie nouvelle à l’époque. Les lignes sont autonomes, on peut les prendre dans un sac et ensuite reconstituer le dessin en les installant sur un mur blanc, ce que nous avons fait ici. Pour eux, c’est aussi important que la découverte plus récente de l’impression 3D : on part d’un tout petit dessin, d’un croquis, et on peut l’agrandir à l’échelle murale.
Anna Karina Hofbauer : Le principe de la découpe qu’il utilisera pour ses aciers au laser n’est pas nouveau pour lui. Très tôt, il a préféré les panneaux à la toile car il pouvait en découper la forme, ce sont des shaped canvas. Les parties « manquantes » sont aussi importantes que les parties peintes : vous êtes obligé, pour reconstituer l’image, de faire appel à votre imagination.
Quel regard portez-vous sur le mouvement du pop art ?
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