C’est l’une de ses premières décisions en tant que 47e président des Etats-Unis : Donald Trump a signé lundi 20 janvier un décret ordonnant à son gouvernement de suspendre pour 75 jours l’application de la loi américaine interdisant le réseau social TikTok.
Cette loi, votée par le Congrès en 2024, était techniquement entrée en vigueur la veille. Elle impose à ByteDance (la maison mère chinoise de TikTok) de vendre le réseau social à une entreprise américaine, sous peine d’interdiction sur le territoire américain. Le texte prévoit aussi de très lourdes amendes pour les entreprises qui permettent aux Américains d’avoir accès à TikTok (fournisseurs d’accès internet, magasins d’application comme l’Apple Store ou le Play Store…) : jusqu’à 5 000 dollars par utilisateur américain de TikTok, qui sont environ 170 millions aux Etats-Unis.
Pour éviter tout problème et se conformer à la loi, TikTok avait préventivement désactivé l’application sur le territoire américain pendant environ 14 heures, dimanche. Son accès a ensuite été rétabli après la promesse de Donald Trump de « sauver TikTok » et de ne pas appliquer les sanctions prévues par la loi adoptée pendant la présidence Biden.
« Nous avons des problèmes plus graves »
Alors que les sanctions prévues par la loi doivent en théorie être appliquées par le ministère de la Justice, le décret signé par Donald Trump lundi enjoint ce dernier à ne pas intervenir pendant deux mois et demi. « J’ordonne au Procureur général de ne prendre aucune action mettant en application [la loi] pendant une période de 75 jours à partir d’aujourd’hui, afin de permettre à mon administration de déterminer la marche à suivre appropriée pour protéger la sécurité nationale, tout en évitant une désactivation brutale d’une plateforme utilisée par des millions d’Américains », détaille le texte. Donald Trump souhaite, pendant ce laps de temps, « consulter (ses) conseillers » pour évaluer les risques que posent TikTok et son actionnaire chinois en matière de sécurité, et « déterminer si les mesures déjà prises par TikTok sont suffisantes ».
Lors d’une conférence de presse improvisée à la Maison Blanche lundi, Donald Trump a expliqué sa décision en relativisant les risques que pose TikTok. « Il y a tant de produits qui sont fabriqués en Chine et le seul dont ils se plaignent, c’est TikTok », a expliqué le président américain en référence aux élus du Congrès. « Soyons honnêtes, nous avons des problèmes plus graves que de voir la Chine récupérer des informations sur de jeunes enfants » utilisateurs de TikTok, a-t-il aussi ajouté – parmi les problèmes « plus graves » évoqués : la construction en Chine d’équipements utilisés par des Américains.
« Un gros faible pour TikTok »
Des déclarations qui démontrent à nouveau à quel point Donald Trump a radicalement changé sa position vis-à-vis de TikTok. En 2020, il avait pris un décret en tous points similaire à la loi dont il vient d’interrompre l’application. Depuis, Donald Trump s’est converti à TikTok, ouvrant un compte en juin 2024 sur le réseau social, où il est suivi par 15 millions de personnes. « J’ai un gros faible pour TikTok, parce que j’ai emporté le vote des jeunes de 34 points, et certains estiment que TikTok a quelque chose à voir avec ça », expliquait-il en décembre après sa victoire, comme le note Télérama.
Symbole de cette mue en faveur de TikTok : Shou Chew, le dirigeant américain du réseau social, était présent lundi à la cérémonie d’investiture de Donald Trump au Capitole de Washington, aux côtés des dirigeants américains des entreprises des nouvelles technologies (Mark Zuckerberg, Jeff Bezos, Sundai Pichar, ou encore Elon Musk).
Pour sortir de l’impasse, Donald Trump a de nouveau proposé que le groupe chinois ByteDance, la maison mère de TikTok, octroie aux Etats-Unis 50 % du capital de TikTok, en contrepartie de la non-application de la loi. Le gouvernement américain pourrait ensuite attribuer cette participation à des intérêts privés américains. « Il nous faudrait peut-être l’accord de la Chine, mais je suis sûr qu’elle le donnerait. TikTok a une grosse valeur, mais s’ils n’approuvent pas [ce plan], il n’en aurait plus », a commenté à ce sujet Donald Trump depuis la Maison Blanche.
Le Monde
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Interrogée à ce sujet lors d’un point de presse, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué lundi qu’« en matière d’opérations et d’acquisitions, les entreprises devraient décider de façon indépendante, en accord avec les principes de marché ».