« Désolé, TikTok n’est pas accessible à l’heure actuelle. » Aux Etats-Unis, depuis samedi 18 janvier au soir, le message s’affiche sur la populaire application qui a cessé de fonctionner pour se conformer à une loi d’interdiction entrée en vigueur dimanche.
Le réseau social chinois avait annoncé, vendredi, qu’il suspendrait ses services, faute de garanties du gouvernement Biden. Le président élu Donald Trump, qui s’était montré plus conciliant avec la plateforme, ne peut pas intervenir avant sa prise de fonction, lundi.
« Une loi interdisant TikTok a été mise en application aux Etats-Unis, explique le message en cas de tentative de connexion. Cela signifie que vous ne pouvez plus utiliser TikTok pour l’instant. »
La suspension du réseau social intervient au lendemain d’une décision de la Cour suprême américaine ayant conforté la loi interdisant la plateforme adoptée en avril dernier par le Congrès au nom de la sécurité nationale. Le texte contraint la maison mère chinoise ByteDance à vendre TikTok sous peine d’interdiction.
« Nous avons la chance que le président Trump ait indiqué qu’il travaillerait avec nous sur une solution pour rétablir TikTok une fois qu’il aura pris ses fonctions », encourage le message de la plateforme chinoise sur les écrans de ses utilisateurs, concluant par : « Restez à l’écoute ! »
Vendredi, la Maison Blanche a estimé que « l’application de la loi [devait] revenir au prochain gouvernement, qui prendra ses fonctions lundi », selon une déclaration de la porte-parole, Karine Jean-Pierre. Or le président élu Donald Trump a annoncé dimanche son intention de prendre un décret une fois investi, lundi, pour suspendre la loi interdisant TikTok aux Etats-Unis, et dit souhaiter que le réseau social soit contrôlé à 50 % par des actionnaires américains.
Le message renvoyait vers un site qui proposait aux « TikTokeurs » de télécharger l’ensemble de leurs données et contenus postés jusqu’ici. Application devenue phénomène de société en moins de dix ans, extrêmement prisée des jeunes, voire très jeunes internautes, TikTok n’est plus visible sur les boutiques numériques d’Apple et Google aux Etats-Unis.
Depuis vendredi, TikTok avait exhorté le gouvernement Biden à envoyer un signal clair aux fournisseurs d’Internet et gestionnaires de boutiques d’applications pour les dissuader de suspendre téléchargements et mises à jour.
Le Monde
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Karine Jean-Pierre a qualifié les dernières déclarations de TikTok de « manœuvre ». « Nous ne voyons pas de raison pour TikTok ou d’autres sociétés d’agir avant la prise de fonction du gouvernement Trump, lundi. »
Un report de 90 jours possible
La loi imposait théoriquement aux prestataires de bloquer téléchargements et mises à jour dans la nuit de samedi à dimanche à partir de minuit, heure de la Côte est (6 heures à Paris, dimanche) sous peine de très lourdes amendes.
Saisie par TikTok en dernier recours, la Cour suprême américaine a refusé vendredi, à l’unanimité, de suspendre la loi. Les neuf hauts magistrats ont estimé que les inquiétudes du Congrès « en matière de sécurité nationale » étaient « bien fondées ».
Les élus américains avaient justifié le vote de la loi par la nécessité d’empêcher les autorités chinoises d’accéder aux données d’utilisateurs américains ou de manipuler l’opinion aux Etats-Unis. Mais si la plateforme faisait l’objet d’une franche hostilité de la part de beaucoup d’élus américains il y a un an, le vent a tourné depuis et un consensus politique s’est dégagé ces derniers jours, favorable à la préservation de TikTok.
La loi prévoit la possibilité pour le président de suspendre son entrée en vigueur pour quatre-vingt-dix jours. Mais le report de son entrée en vigueur n’est théoriquement possible que si des éléments tangibles rendent une vente crédible. Or, jusqu’ici, ByteDance a toujours officiellement refusé de céder son joyau, même si plusieurs investisseurs se sont manifestés.
Des investisseurs intéressés par un rachat de TikTok
L’homme d’affaires Frank McCourt est ainsi prêt à mettre 20 milliards de dollars sur la table avec d’autres partenaires, pour les activités américaines de l’application, sans son puissant algorithme.
Samedi, la start-up d’intelligence artificielle Perplexity AI a soumis à ByteDance une proposition de fusion avec la filiale américaine de TikTok, a fait savoir, à l’Agence France-Presse, une source proche du dossier, qui valoriserait le réseau social au moins 50 milliards de dollars.
Donald Trump a évoqué TikTok lors d’une conversation téléphonique, vendredi, avec le président chinois, Xi Jinping. Et le patron du réseau social, Shou Chew, fait partie des invités d’honneur pour sa cérémonie d’investiture lundi.
Outre TikTok, ont été mises hors ligne toutes les applications de ByteDance aux Etats-Unis, comme l’application de montage vidéo CapCut, très utilisée par les producteurs de contenus, mais aussi un autre réseau social, Lemon8, sur lequel avaient migré des TikTokeurs aux abois.