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Histoires Web mercredi, novembre 13
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Si l’on fixe sa date de naissance à la sortie du premier long-métrage de Thomas Lilti, Hippocrate a 10 ans. La série engendrée par le film en est à sa troisième saison et l’on a pris l’habitude de ce rendez-vous avec un groupe de médecins urgentistes en première ligne face à la crise de l’hôpital. L’auteur et réalisateur revient sur cette chronique unique en son genre qui tend à la société française le miroir impitoyable de la fiction.

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Qu’y a-t-il de différent dans cette troisième saison ?

Pendant la promotion, j’ai entendu que c’était plus politique, plus violent, plus dur. Je ne sais pas. Pour raconter la genèse, le tournage de la deuxième saison a été interrompu par le confinement. Notre hôpital (de fiction) devient inactif au moment où les autres hôpitaux tournent à plein régime. Je décide de retourner travailler à l’hôpital, pas du tout pour amasser du matériel de fiction, mais dans un esprit de personne engagée et aussi par culpabilité de ne rien faire. Et je me prends de plein fouet la réalité de ce que je raconte depuis quelque temps dans Hippocrate. La première chose que j’entends en arrivant, c’est un réanimateur qui dit à une médecin : « Tu as conscience qu’on ne va pas pouvoir sauver tout le monde ? »

Et puis je vois le système se mettre en place, le tri de bric et de broc. Il faut quand même que je finisse la saison 2 et je convoque le Covid-19 à la fin de la saison. Elle raconte l’état de l’hôpital avant la pandémie. Je me suis d’abord dit que la suivante, ce serait le Covid. Et puis non, Hippocrate ne regarde pas dans le rétroviseur. Il faut raconter l’hôpital juste après la crise. Et c’est sans doute pour ça qu’elle est plus politique, plus violente. On a applaudi les soignants quelques semaines aux fenêtres, et trois ans plus tard les soignants ne sont plus là, ils se sont barrés, ils en ont eu marre. L’engagement, la volonté de bien faire son métier ne suffisent plus. Et puis il y avait la volonté de resserrer la série sur six épisodes. Là c’est le metteur en scène qui parle, Ce que j’aime le moins dans les séries, ce sont les chemins de traverse.

Donc, pas d’intrigues secondaires…

J’aime l’attachement aux personnages qui naît dans les séries. Mais ce sont les personnages qui font l’action. J’aime aussi me centrer autour d’une thématique. Ce que j’ai trouvé, c’est le soin, la résistance, la désobéissance civile. Quand on arrive au point où les règles, les institutions sont insupportables parce qu’elles nous empêchent de bien faire les choses. Et puis, pour revenir aux nouveautés, il y a ce rythme effréné et la possibilité d’explorer des territoires, comme le genre. Le quatrième épisode est presque un huis clos, le début du premier épisode est un film d’action, tout en respectant les principes d’Hippocrate. Ou même gore, certaines scènes sont assez sanglantes.

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