Meilleures Actions
Histoires Web mercredi, février 5
Bulletin

ARTE.TV – À LA DEMANDE – DOCUMENTAIRE

Il est évidemment, jouant son propre rôle, dans une scène du film Prêt-à-porter (1994), de Robert Altman : à cette époque, Thierry Mugler (1948-2022) était au faîte de sa gloire, trois ans avant d’être admis comme membre permanent du cercle restreint de la haute couture. Il affichait alors vingt ans d’activité au compteur et des défilés spectaculaires.

C’est sur cette figure de la mode, retirée du métier en 2002 (après avoir vendu sa marque à Clarins, qui ne garda que la très lucrative branche de la parfumerie), disparue brusquement le 23 janvier 2022, à l’âge de 73 ans, que revient Thierry Mugler. La mode avec un grand M, d’Aaron Thiesen.

Un documentaire sur le mode allemand, c’est-à-dire solide, informé, détaillé, avec des témoignages de journalistes (dont Salomé Dudemaine et Julien Sanders, les fondateurs de la revue très pointue Griffé), d’historiens de la mode, mais aussi de proches collaborateurs et d’amis de la sphère underground new-yorkaise.

Taille corsetée et seins dardés

S’il avait été tourné par un Français, peut-être le film se serait-il souvenu de l’épisode de Jack Lang à l’Assemblée nationale, en 1985, portant, sans cravate, une veste du créateur inspirée du costume traditionnel indien. Mais Aaron Thiesen s’en tient à la femme Mugler, qui fit la gloire du couturier, même si, précise la très chic artiste drag Lola Dragoness von Flame, « il n’y a pas besoin d’être une femme pour [porter] ce genre de vêtements ».

Après des débuts plutôt sages sous la marque Café de Paris, lancée en 1973, Thierry Mugler, danseur de formation, s’est assez vite fait remarquer comme étant, avec Jean Paul Gaultier (qui lui rend affectueusement et professionnellement hommage dans le documentaire), l’un des enfants terribles de la mode française des années 1980 et 1990.

Silhouette sablier, taille corsetée et seins dardés, vêtements carrossés comme des calandres de voiture fabriquées par des chaudronniers, qui deviennent des bustiers Cadillac ou Harley-Davidson : la séquence où l’illustrateur Antoine Kruk montre les croquis faits pour Mugler est particulièrement intéressante.

On préfère ne pas imaginer les frottements et les entraves de ces tenues cybernétiques et SM : « Ce sont des pièces immettables et pas commerciales, mais qui vont créer un effet “waouh” au défilé », dit Salomé Dudemaine. « On était habillées pour être impressionnantes, pas pour être relax », se souvient la mannequin Violetta Sanchez. Cependant, au-delà de ces costumes flamboyants, Mugler a su créer des pièces très précises et subtiles.

Le Monde Ateliers

Cours en ligne, cours du soir, ateliers : développez vos compétences

Découvrir

Lola Dragoness von Flame, alias Laurent Mercier, qui fut son dernier assistant, possède un vestiaire Mugler de première importance − y compris un manteau en vison sauvage (autres temps, autres mœurs) aux pièces assemblées en étoile. Moins ludique et plus « héroïque » que chez Gaultier, la façon de Mugler faisait l’admiration de son ami et confrère : « On pouvait reconnaître une épaule faite par lui. »

La dernière partie du documentaire est probablement la moins intéressante, avec l’interview de Krzysztof Dziemaszkiewicz, compagnon de Mugler − qui se rebaptisa « Manfred », son premier prénom −, et des archives vidéo montrant le quotidien faussement mièvre d’un monstre resculpté par la salle de sport, les probables stéroïdes et la chirurgie esthétique.

Thierry Mugler. La mode avec un grand M, documentaire d’Aaron Thiesen (All., 2024, 52 min). A la demande jusqu’au 20 février 2025.

Réutiliser ce contenu

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.