QUINZAINE DES CINÉASTES
Lamia, écolière de la région des marais, à l’embouchure commune du Tigre et de l’Euphrate, où l’on se rend en classe en meshoob (fine barque aux bords recourbés), hérite d’une mission impossible, que même Tom Cruise n’aurait su accomplir. Son instituteur la désigne pour préparer le gâteau d’anniversaire du président Saddam Hussein. Nous sommes dans l’Irak des années 1990, sous la coupe de sanctions internationales plongeant le pays dans la pauvreté, tandis que la dictature exigeait du peuple des démonstrations de ferveur somptuaires.
Cette quadrature du cercle, Lamia va tenter de la résoudre en montant à Bassora, la grande ville la plus proche, en compagnie de sa grand-mère (« Bibi ») et de son coq Hindi. Faussant compagnie à cette dernière, elle court les rues avec Ahmed, son camarade de classe, pour dénicher, et s’il le faut dérober, les précieux ingrédients.
Splendide mise en scène
The President’s Cake déroule ainsi cette odyssée de la débrouille pour souligner l’absurdité d’un régime organisé autour du culte d’un chef dont le portrait s’affiche à chaque coin de rue, régime théâtral où tout le monde fait semblant, sous-tendu par le secret et la brutalité. Pour son premier long-métrage, Hasan Hadi, natif du Sud irakien, ex-journaliste, enseignant le cinéma à New York, se tient dans l’ornière tutélaire d’Abbas Kiarostami (1940-2016), le regretté maître iranien, en reprenant ce motif de la fable enfantine butant contre les obstructions du réel (on pense beaucoup à Où est la maison de mon ami ?, 1987).
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